Salut à tou·te·s,
Bienvenue dans Muzeodrome, l’infolettre inspirante qui vous plonge dans la créativité des musées et des espaces d’expositions.
Ce numéro est déjà le 60ème et vous êtes maintenant plus de 1800 abonné·e·s.
En ces temps étranges et incertains, voici quatre choses qui valent la peine d'être partagées avec vous cette semaine :
1) Complétement DataDada 🔣🐎
Albertine Meunier pratique l’art numérique depuis la fin des années 1990 avec une démarche critique et ludique. Elle est cofondatrice et membre de DataDada (voir Muzeodrome n°17 - notule 5), collectif qu’elle forme avec Julien Levesque, Sylvie Tissot, Thu Trinh Bouvier et Bastien Didier.
Quand j’ai été informé début janvier 2020 :
- qu’Elon Musk était devenu l’humain le plus riche (voir Muzeodrome n°59),
- et que le prix d’un Bitcoin s’était envolé à plus 40 000 dollars,
je me suis dit qu’il était grand temps de poser quelques questions à Albertine…
DataDada est partout ?
DataDada est partout …
Partout ? oui vraiment partout !!!! … Dernièrement on a même trouvé du DataDada dans des sèche-cheveux et dans des pommes de terre. Alors oui, si il y a 36 chips dans une patate, le numérique y est bien pour quelque chose.
DataDada, courant artistique du 21e siècle créé en 2014, le sait bien. DataDada s’oppose à l’utilisation de la Data comme un simple fait numérique. Alors, si un sèche-cheveu s’allume quand une personne passe dans la rue avec son téléphone mobile en main, ou si pour une patate tu n’as plus rien et que tu l’évites, alors c’est bien une preuve digitale, voire une épreuve !
Tout cela nous montre bien que DataDada est partout !
Papa ne reviendra pas ?
“Dad Won't Come Back” (Papa ne reviendra pas) est une installation en ligne et in situ mettant en lumière l’entreprise de détournement du ciel par un seul homme, Elon Musk.
“Habemus papam” du numérique.
Elon Musk est notre papam. Un papa pim pam poum qui défie le ciel avec le réseau internet qu’il construit, réseau constitué de milliers de satellites qui volent tels des étoiles filantes si près au dessus de nos têtes.
Quand Elon parle, c’est un signe… tout le monde s’envoie sur Signal !
Bientôt un bitcoin à 100 000 $ ?
Avec les crypto-monnaies on peut s'attendre à tout !
C'est tout à fait plausible. Le nombre de bitcoins étant limité, et la demande augmentant... En tout logique cela monte... Équilibre Offre - Demande.
Il manquerait plus que Elon Musk dise "Use Bitcoin". Dernièrement [le 20 décembre 2020], il a dit cela “Bitcoin is almost as bs as fiat money” (“Le Bitcoin est presque aussi merdique que la monnaie fiat”) ou ça “Bitcoin is my safe word” (“Bitcoin est mon mot de passe”) - Pour finalement recommander le DogeCoin : “One word: Doge”.
De la tulipe à la crypto Marguerite ?
Alors, il ne reste plus qu’à aller voir l’exposition De la Tulipe à la Crypto Marguerite. C’est au 58 rue Chapon à Paris. Il y a de la si belle peinture, des vieux et jeunes artistes, de l’intelligence artificielle en art et du crypto art …
Et si le crypto art vous échappe, il y a même des ateliers d’initiation le samedi de 15h30 à 17h… Il suffit de s’inscrire.
Note : en France, les galeries restent (du moins pour l’instant) ouvertes. L’exposition “De la Tulipe à la Crypto Marguerite” est à visiter à L'Avant Galerie Vossen du 9 janvier au 6 mars 2021.
2) Trouble dissociatif de l'identité 🤪😠
Le 9 janvier 2021, Santos M. Mateos publiait dans son blog (en espagnol), un article intitulé “le syndrome Dr Jekyll et M. Hyde dans les musées” qui débutait ainsi:
“Le 21e siècle a conduit les musées à la découverte du trouble dissociatif de l'identité (TDI), communément appelé trouble de la personnalité multiple [...]. Dans leur dimension physique, ceux-ci sont une chose et dans leur dimension virtuelle, ils en sont une autre.”
Santos M. Mateos souligne que les musées peuvent dans les réseaux socionumériques avoir un comportement “insouciant” et sembler proche de leurs publics. Mais que les mêmes musées sont souvent tout le contraire dans leurs murs.
“Comment comprendre qu'un musée qui interdit toujours de prendre des photos dans ses salles ait un profil dans TikTok ?” Santos M. Mateos (à propos du Musée du Prado)
À des degrés plus ou moins importants, ce syndrome de trouble de la personnalité semble assez fréquent dans l’univers muséal. Vous avez certainement des exemples ?
3) Dans les chaînes de blocs ⛓️⛓️
Dans sa structure Devocité, Arnaud Waels (alias @onrasleaw) est designer et développeur de dispositifs interactifs, principalement pour la culture et le tourisme. Arnaud est passionné par de nombreux sujets liés au numérique. Je l’ai interrogé sur l’un d’eux, et pas n’importe lequel…
Pourquoi t'intéresses-tu aux cryptomonnaies ? Peux-tu aussi nous expliquer ce qu'est la technologie "blockchain" ?
Ce ne sont pas tant les crypto-monnaies mais le potentiel d’innovation de la technologie “blockchain” qui m’intéresse. Je vois la révolution industrielle qu’elle présage pour tous les domaines de l’industrie (comme l’internet fin 90s).
Détenir la crypto-monnaie donne un droit d’usage de la blockchain en question. C’est en quelque sorte un “ticket de manège”. Mais toutes les blockchains n’ont pas de crypto-monnaie associée.
Pour ne pas entrer dans les détails techniques, la technologie “blockchain” automatise la notion de tiers de confiance, habituellement incarnée par une institution comme le cadastre et le notaire si on prend l’exemple de l’immobilier. La blockchain garantit et historise les transactions, et permet de programmer un grand nombre d’actions supplémentaires. Au delà du secteur de la finance, la blockchain révolutionne notamment la logistique, la supply chain, le droit d’auteur (SACEM / SACD), la gestion documentaire, la gestion de l’identité des citoyens, l’économie sociale et solidaire, etc.
On lit souvent que les opérations de traitement des blockchains sont très énergivores. Quelle est ta vision sur ce sujet ?
C’est le cas des blockchains de 2010-2015 comme Bitcoin et Ethereum mais ce n’est plus le cas des nouvelles générations de blockchains, souvent “pré-minées”, et optimisées pour fluidifier un très très grand nombre de transactions à la seconde sans “friction”.
Tu parles de “révolution industrielle” concernant la technologie blockchain - quels sont les impacts possibles de celle-ci sur l'univers muséal et celui des expositions?
Les enjeux pour le monde de l’art :
1) l’expertise et l’authentification des œuvres, et le nouveau marché des œuvres digitales
2) stimuler la création et l’engagement des collectionneurs : si elles sont associées à une blockchain, les contributions artistiques rencontrent immédiatement les collectionneurs, l’acquisition des œuvres peut devenir instantanée ou volontairement retardée, le cours des artistes reste légitime. C’est compatible avec des œuvres collectives car l’historique de contribution est tracé. La rétro-remuneration des auteurs peut être également automatisée dans le cadre de l’utilisation des images par les médias, ce qui favorisera l’adoption de la blockchain par les créatifs. La blockchain en question n’existe sans doute pas encore mais elle remet en question tout le fonctionnement actuel.
Note : en complément de cet entretien, je vous invite à lire l’article “Comment la blockchain pourrait-elle révolutionner le marché de l’art ?” d’Ines Saady publié par Easynomics en 2020.
4) Le jeu du monopole 🎩💲
“Soyez le premier à acheter des œuvres du musée du Louvre dès que vous le pouvez.
Organisez des expositions et attirez un maximum de visiteurs au cours de la partie”.
Ces deux phrases étonnantes sont extraites de la présentation du “Monopoly Louvre”, une des innombrables versions actuelles du jeu. Sur sa boîte s’affiche l’habituel slogan : "Achetez. Vendez. Négociez. Gagnez !".
Dans sa version d’origine, le Monopoly est un jeu de société dont le but est de créer un monopole en ruinant ses adversaires par des opérations immobilières. La légende, diffusée pendant de nombreuses années, indiquait que l’idée originale du jeu était venue à l’ingénieur Charles Darrow alors qu’il était au chômage suite à la grande dépression économique de 1929. Darrow se serait alors battu plusieurs années pour que “son jeu” puisse exister. Dés qu’il fut édité en 1935 par Parker Brother, le Monopoly fut un succès, faisant de son “concepteur” un millionnaire. Bref, un vrai conte de fée capitaliste pour entrepreneur/neuse en mal de motivation!
Dans les faits, Charles Darrow avait surtout beaucoup copié "The Landlord's Game" - jeu pédagogique élaboré dés 1903 par Elizabeth Magie qui dénonçait les propriétaires fonciers.
En conclusion, on peut se demander si les valeurs du Monopoly sont compatibles avec les missions d’un musée ou si elles provoquent chez lui un trouble dissociatif de l'identité ?
/via Stan “Marketing Mania” Leloup.
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A tout soudain,
Omer Pesquer { https://omer.mobi/ }
Ps : Merci à @dr_kouk pour sa relecture de ce numéro et des précédents.