Salut à tou·te·s,
Bienvenue dans Muzeodrome, l’infolettre inspirante qui vous plonge dans la créativité des musées et des espaces d’expositions.
Voici trois choses qui valent la peine d'être partagées avec vous cette semaine :
👀 Illustration : Ada Hop (d’après une photo d’un masque présent dans les collections du MEG - “Ce superbe masque représente une jeune femme tlingit au visage décoré d'une peinture traditionnelle bleu clair.” - États-Unis, Alaska, Sitka - Tlingit. Fin du 19e siècle)
1) Un nouveau nom pour un nouveau siècle 🏛️❔
L’histoire du musée d'ethnographie de Genève (MEG) remonte au début du 20ème siècle.”
”Inauguré le 25 septembre 1901, il est fondé à l'initiative du professeur Eugène Pittard qui fonde également une chaire d'anthropologie à l'université de Genève. Il s'installe d'abord dans la villa de Mon Repos. Pittard y réunit des collections publiques et privées, principalement les collections ethnographiques du musée archéologique et du musée Ariana, la collection du musée de la Société des Missions évangéliques et des armes du Musée historique genevois.” (Source: Wikipédia)
Originaire de Belgique, Boris Wastiau prend la direction du MEG en février 2009 et fait évoluer le musée au fil des années. Suite à ses actions, le MEG devient lauréat du prix du musée européen en 2017.
Boris Wastiau, qui “se bat depuis des années pour déconstruire les perspectives coloniales”, souhaite alors pousser encore plus loin ces changements :
”Le MEG vit une transition sans précédent depuis la création du Musée en 1901. Il y a deux ans, nous avons initié une mutation en profondeur qui accorde la réalité de nos pratiques à l’innovation attendue d’un musée du 21ème siècle.”
En juillet 2020, le musée présente son plan stratégique 2020-2024 avec cinq objectifs principaux dont le premier est “décoloniser le Musée”.
”Parmi les orientations stratégiques du Musée, ces fameuses décolonisations, décolonisations des collections, mais aussi la volonté de développer des partenariats, au niveau local et international, de continuer à développer les publics, en continuant de favoriser l'inclusion, de renforcer aussi la promotion de la créativité, dans et autour des collections du musée et finalement de faire du musée aussi une institution de référence en termes de durabilité”. Boris Wastiau (source)
Dans le cadre de ce plan ambitieux, Boris Wastiau invite depuis la mi-mars 2021 les Genevois et Genevoises à participer à une réflexion pour donner un nouveau nom au MEG. Changer le nom au musée est devenu pour son directeur un enjeu majeur de son évolution :
“Le Musée d'Ethnographie dans son propos visait à décrire des peuples ou les ensembles de peuples tels qu'ils étaient en période coloniale. Et il faut toujours se rappeler, en période coloniale, c'est-à-dire dans une période de violences d'appropriation. Évidemment, ce projet là, aujourd'hui plus personne ne pourrait le soutenir“. Boris Wastiau (source)
Le nouveau nom du MEG permettra au musée de s’afficher comme “un lieu dynamique, un lieu de changement, un lieu engagé”. Il sera aussi un bon indicateur des préoccupations de la société actuelle et de l’évolution des musées au 21ème siècle.
2) Totalement secoué 🖼️⚡🤛
Cela vous dirait de secouer le personnage présent dans un tableau du 17ème siècle ? C’est ce que proposait en 2018 Neil Mendoza au Children's Museum de Pittsburgh (Pennsylvanie, États-Unis). Avec “Mechanical Masterpieces“ l’artiste mettait à disposition des publics un ensemble de dispositifs permettant de manipuler cinq peintures célèbres.
“Nous pensons que l'excellence du design permet de créer des expériences muséales authentiques, intuitives, réactives, durables, accessibles et inclusives, significatives et mémorables. […] Le musée s'est engagé à concevoir et à prototyper des expositions conformément à la philosophie de conception "Play with Real Stuff". Le prototypage et le retour d'information de nos visiteurs constituent le cœur et l'âme de notre processus de conception.” Children's Museum de Pittsburgh
Cette philosophie est développée par le musée avec son programme de résidence artistique “Tough Art”, actif depuis 2007.
”Ce programme innovant de résidence d'artistes invite les artistes et le public à repenser leurs idées d'expériences muséales interactives dans l'un des lieux les plus difficiles : un musée pour enfants. Les artistes participants apprennent comment leurs œuvres établissent un lien avec les visiteurs en dehors de l'environnement typique d'un musée, et ce qu'il faut pour créer une œuvre d'art capable de résister aux rigueurs d'un environnement pratique.”
Le prototypage sur le terrain convient parfaitement à Neil Mendoza. En 2014, le journaliste de la BBC Dougal Shaw présentait l’artiste comme un des quatre “beatniks numériques” du groupe “Is This Good” - beatniks qui consacrent “leur temps à la construction d'engins électroniques étranges et merveilleux”. Depuis Neil Mendoza a construit de nombreuses nouvelles machines.
”Mon travail combine la sculpture, l'électronique et les logiciels pour donner vie à des objets et des espaces inanimés. Je combine souvent des objets trouvés avec la technologie de manière à encourager les spectateurs à examiner les différents éléments sous un angle nouveau.” Neil Mendoza
Les œuvres étranges et merveilleuses de Neil Mendoza sont à découvrir dans son site :
👉 https://www.neilmendoza.com/
Alors cela vous dirait de secouer "Le Cavalier riant" (The Laughing Cavalier), peinture de Frans Hals datant de 1624 ?
Note : Fin 2019, Neil Mendoza a été une seconde fois résident du programme “Touch Art”. Il y a présenté la pièce “The Tyranny of Birds”, qui soulignait le règne tyrannique des oiseaux sur le pain !
/via Michel Kouklia du coté de LinkedIn
3) En marge des expositions 🖼️🚽
De novembre 2018 à octobre 2019, le designer et programmeur Omar Mohammad à travaillé au SFMOMA (San Francisco Museum of Modern Art - États-Unis). Il indique dans sa page LinkedIn que son travail portait sur l’expérience utilisateur dans les espaces physiques et numériques du musée. En parallèle de son travail, il a pendant cette période conçu un projet singulier : SFMOMABATHROOMS .
“SFMOMABATHROOMS est une expérience interactive et imprimée qui met en valeur les toilettes du San Francisco Museum of Modern Art. Ces toilettes prolongent l'expérience du musée dans des espaces liminaires (zone de marge) qui ne participent généralement pas à l'expérience de l'art.”
Ce mini-projet est assez fascinant - les toilettes de chaque étage disposant d’une ambiance colorée différente (cliquez sur “Elevator” pour glisser d’un étage à l’autre).
Depuis le projet SFMOMABATHROOMS, Omar Mohammad a “construit des sites Web, conçu des produits et programmé des interfaces avec de nombreux collaborateurs culturels et d'entreprise”. Il est “actuellement à la recherche d'opportunités qui brouillent la ligne entre le design et le code”…
Note : un site identifié grâce hoverstat.es qui répertorie depuis 2012 les meilleurs sites web présentant des designs alternatifs (un projet animé par Mike Guppy et Dan Powell). SFMOMABATHROOMS a été listé par hoverstat.es en janvier 2018.
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Omer Pesquer { https://omer.mobi/ }
Ps : Merci à @dr_kouk pour sa relecture de ce numéro et des précédents. @dr_kouk a aussi trouvé le titre de ce numéro en m’indiquant que celui-ci pouvait être chanté ;-)
De plus en plus allumé ce Muzeodrome ! 😊