Salut à tou·te·s,
Bienvenue dans Muzeodrome, l’infolettre inspirante qui vous plonge dans la créativité des musées et des espaces d’expositions.
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En ces temps [toujours] étranges et incertains, voici cinq choses qui valent la peine d'être partagées avec vous cette semaine :
1) Cimetières de sculptures 🗿⚰️🏛️
“Après la chute des régimes communistes en Europe une partie importante de la propagande monumentale est restée dans l’espace public tel un souvenir-fantôme du passé. Comme avec chaque révolution, une des premières impulsions était de renverser les statues ou de les désacraliser en les recouvrant de graffiti. L’apaisement des passions, plus ou moins rapide selon les spécificités de chaque pays, dans la plupart des cas s’est produit suite à la délocalisation des monuments vers les communément dénommés «cimetières de sculptures»”. Ina Belcheva*
Ina Belcheva précise aussi que “l’idée de cimetière et d’enterrement est contraire à celle de protection du patrimoine et de la mémoire”. Les temps ont peut-être changé ; la place des sculptures ôtées de l'espace public suite à un acte iconoclaste semble aujourd'hui plus être dans un musée que dans un parc aux quatre vents. Ce que confirme l'ouverture en 2016 de l'exposition permanente "Dévoilée. Berlin et ses monuments" ("Unveiled. Berlin and its Monuments") à la Zitadelle de Berlin. L’institution indique toutefois : “ce qui n'est normalement pas autorisé dans un musée, est possible ici - vous pouvez toucher la plupart des objets !”. Ce qui confirme le statut particulier de ces objets. Récemment (le 7 juin 2020), après un spectaculaire déboulonnage par des manifestants à Bristol d'une statue du marchand d’esclaves Edward Colston (1636-1721), le maire de la ville d’origine jamaïcaine “a jugé «hautement probable» que la statue finisse au musée”.
Faut-il s'attendre dans les années à venir à l'ouverture de nouveaux musées consacrés aux sculptures déboulonnées de l'espace public ?
Pour approfondir cette notule et comprendre ce qui se joue actuellement, je vous recommande la lecture de trois articles :
“Déboulonnage des statues : [l'archéologue] Jean-Paul Demoule dresse une brève histoire de l'iconoclasme” (Sciences et Avenir, 17 juin 2020).
“Déboulonnages : l’histoire et l’espace public en partage”. Tribune des historiens Mathilde Larrère et Guillaume Mazeau qui “explorent les origines de ce geste, tant spectaculaire que récurrent, et analysent les réactions qu’il a toujours suscité” (Regard, 19 juin 2020).
“Jacqueline Lalouette : "Il faut davantage de statues de personnalités noires"”. Dans cet article, l'historienne spécialiste, notamment de la libre-pensée et de la laïcité, présente une “petite histoire de siècles mouvementés pour les statues dans l'espace public” (Sciences et Avenir, 16 juin 2020).
Note 1 : Au début des années 2000, j'ai visité dans les pays de l'est au moins deux cimetières de sculptures : le Memento Park (Budapest, Hongrie) et le Grūtas Park (Druskininkai, Lituanie).
*Note 2 : Ina Belcheva, «“Sculptural Graveyards”: Park-Museums of Socialist Monuments as a Search for Consensus», in Dominique Poulot and Isidora Stanković (Eds.), Discussing Heritage and Museums: Crossing Paths of France and Serbia, Choice of Articles from the Summer School of Museology Proceedings, Paris, Website of HiCSA, online October 2017, p. 100-118
/Merci à Céline CHANAS, Nicolas Offenstadt et le Bulletin
2) Rouvrir en vidéo 🏛️👐📺
Plusieurs musées ont réalisé une vidéo pour souligner la bonne mise en place des conditions de sécurité et signifier ainsi à leurs visiteurs qu'ils pouvaient revenir en toute sérénité lors de leurs réouvertures. Petite sélection avec trois vidéos publiées dans Twitter qui utilisent le ressort de l'humour :
* Une très courte vidéo de Deadwood History (Dakota du Sud, USA) : “Né pour courir. Notre T. Rex est impatient d'explorer le musée Adams et de s'assurer qu'il est sûr et prêt pour les visiteurs lorsque nous ouvrirons nos musées le 1er juin.” (publiée le 22 mai 2020)
* "Les agents et les œuvres du Musée d'arts de Nantes vous présentent quelques consignes sanitaires et de sécurité... pour une visite en toute sérénité. Rendez-vous dès lundi 22 juin au musée !" (vidéo publiée le 20 juin 2020 )
* D'une durée d'une minute et 30 secondes, la vidéo du Mauritshuis (La Haye, Pays-Bas) mêle tableaux animés et des visiteurs (dont une famille). Un mélange de Mary Poppins et de la Nuit au Musée > A voir ! (publiée le 12 juin 2020) - A noter que le masque n'est pas obligatoire dans les nouvelles conditions de sécurité présentées par le musée. Pour rappel dans les collections du Mauritshuis figurent "La Jeune Fille à la perle" de Johannes Vermeer -1665- et La "Leçon d'anatomie du docteur Tulp" de Rembrandt -1632-.
/Merci à @louvrepourtous et @ElisaGravil
3) #BlackLivesMatter: les musées s'engagent ? (suites) 💪🏾💪🏾
Le journaliste Sébastien Magro examinait l'engagement des musées dans le mouvement "Black Lives Matter" dans le numéro 32 de l'infolettre Muzeodrome (8 juin 2020). Il a depuis prolongé son enquête dans un article plus détaillé publié dans Slate sous le titre “#BlackLivesMatter, l'assourdissant silence des musées français” (15 juin 2020) ; article qui intègre d'ailleurs les lignes publiées dans Muzeodrome. Le jeudi 18 juin 2020, en s'appuyant sur l'article de Slate et d'autres sources, la journaliste Mathilde Serrell au micro des Matins de France Culture est revenue “sur les enjeux de communication institutionnelle, entre prise de parole opportuniste et rôle social des musées”.
Quelques jours plus tard, Sébastien Magro a répondu aux questions d'Antoine Gouritin pour le podcast Le Monde Moderne (diffusé le samedi 20 juin 2020). Un échange d'environ 25 minutes où il revient sur "#BlackLivesMatter dans les musées en France et à l'international". Il y parle aussi de "souffrance au travail dans le secteur culturel" suite à la démission d'Andrea Montiel de Shuman, qui était depuis plus quatre ans la Digital Experience Designer du Detroit Institute of Arts (USA). Dans sa poignante lettre “No longer in extremis”, publiée le 15 juin 2020 dans Medium, Andrea Montiel de Shuman explique pourquoi elle a démissionné ; une décision liée à #BlackLivesMatter avec des racines bien plus profondes. Une lettre qui fera date et qui pose de nombreuses questions sur les pratiques externes et internes des musées au XXIè siècle. La question principale qui demeure est : "Comment un musée peut-il être aujourd'hui au service de la société et de son développement ?"
4) Temporairement en ligne 🔗⚡⏰
Du 19 au 21 juin 2020 se déroulerait la 11e édition des Journées Européennes de l’Archéologie (JEA). Compte tenu du contexte sanitaire, la dimension numérique de cette édition était particulièrement importante sous le nom #Archéorama. Dans ce cadre, la mise en ligne de la visite virtuelle de l'exposition Wisigoths du Musée Saint-Raymond de Toulouse (27 février > 27 décembre 2020) m'a particulièrement intéressé. Ce qui a plus retenu mon attention, n'est pas :
la visite virtuelle elle même, réalisée par IMA Solutions
les pastilles sonores dont celles écrites et dites par Jean-Christophe Piot (alias @Padre_Pio)
Non, ce qui a le plus retenu mon attention est la mise en ligne d'une visite virtuelle comme un événement avec une durée d'accès limité. Cette visite ne sera donc plus en ligne lorsque vous me lirez à moins que vous me lisiez bien plus tard :
"L'enrichissement de la visite virtuelle, avec l'ensemble des contenus disponibles, se poursuivra ensuite. A la fermeture de l'#expoWisigoths, elle sera à nouveau accessible en ligne : une façon d'en garder une trace et de pérenniser le travail accompli pour sa préparation. Par ailleurs, elle sera installée dans le parcours permanent, au sein d'une nouvelle section consacrée à la Toulouse wisigothique qui intègrera notamment les objets découverts à Seysses."
Cette pratique de mise en ligne temporaire est de plus en plus répandue, j'y reviendrai dans de prochains numéros de Muzeodrome. Pour la visite virtuelle de l'#expoWisigoths, "l'idée de cette courte accessibilité est aussi d’avoir des retours des utilisateurs pour éventuellement faire des modifications pour la version définitive".
/merci à Lydia Mouysset
5) Muzeodrome en questions 🙋🤟🙏
Dans le n°32 de l'infolettre titré “Le musée ira à toi”, je vous invitais à répondre à dix questions sur l'avenir de Muzeodrome. Vous avez été 90 à répondre à mes questions. Je tiens tout d'abord à remercier toutes celles et tous ceux qui ont pris le temps de répondre. Je ne vais pas revenir aujourd'hui sur toutes vos réponses mais seulement sur les cinq questions qui étaient à choix multiples.
* Question 1 > “Êtes vous satisfait·e par les infolettres de Muzeodrome ?". A la surprise générale ;-), vous êtes 89 à avoir répondu "oui" pour 1 à avoir répondu "non" - cette personne précise que son 'non' "était simplement pour faire quelques remarques, car dans l'ensemble, [l'infolettre] est passionnante !" Elle poursuit "Les textes sont un peu longs pour une lecture du lundi matin ;)". A partir d'un prochain numéro, les numéros classiques seront un peu plus légers (voir ci-dessous).
Question 3 > "Pour l'infolettre, vous souhaiteriez en priorité :" - Vous êtes deux tiers (65,2 % pour être exact) à indiquer vouloir "garder la formule actuelle", 16,9% à demander des numéros thématiques, 15,7% à demander moins de numéros par mois et 2,2% à vouloir plus de numéros. Je vais donc garder la formule hebdomadaire qui reste la meilleure pour garder un contact régulier avec vous. A partir d'octobre ou novembre, Muzeodrome proposera un numéro thématique par mois. Si les contenus des numéros classiques seront un peu allégés (voir question 1), par contre les numéros thématiques seront plus consistant.
Question 5 > "Seriez-vous intéressé·e par des rencontres Muzeodrome ?". Vous êtes 83% à répondre "oui" (42.7% en ligne et en présentiel - 28.1% plutôt en ligne - 12.4% plutôt en présentiel) - Ce retour très enthousiaste m'incite à imaginer une forme spécifique de rencontre pour la rentrée ou un peu plus tard (début 2021).
Question 6 > "Seriez-vous intéressé·e par des formations dans l'esprit de Muzeodrome ?". Vous êtes 2/3 à répondre "oui" - 68,6 pour être exact (41.6% en ligne et en présentiel - 19.1% plutôt en ligne - 7.9% plutôt en présentiel). Je vous proposerai donc une ou deux formations à la rentrée (septembre 2020) - celles-ci se dérouleront probablement en ligne.
Question 8 > "Quelle somme mensuelle - en € - seriez-vous disposé·e à verser pour soutenir Muzeodrome ?" - Vous êtes 71% a indiquer que vous seriez prêt à soutenir économiquement Muzeodrome avec un abonnement > 24,4% - 5€ / 22,2% - 3€ / 20% - 1€ / 3,3% - une somme supérieure à 8€ / 1,1% - 8€. C'est très encourageant pour la suite et les possibilités de développement de Muzeodrome. Je n'ai pas encore une idée très précise de comment vont s'effectuer ses développements mais ils seront nécessaires à la poursuite du projet.
A suivre...
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Omer Pesquer { https://omer.mobi/ }