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En ces temps étranges et incertains, voici cinq choses qui valent la peine d'être partagées avec vous cette semaine :
1) Viens jouer dans l'oMoMA 🏛️🕹️
Un des principaux reproches que l'on peut faire à la majorité des tentatives de musée virtuel est que la présence humaine y est invisible. Gommer l'expérience sociale retire beaucoup, presque tout à mon sens, à ce que les visiteurs pourraient vivre en ligne.
Spécialisé dans les espaces vidéoludiques et basé Pittsburgh (USA), le collectif LIKELIKE vient d'ouvrir une nouvelle aile de son petit coin d'Internet : l'oMoMA (l'online Museum of Multiplayer Art) . Cet espace en ligne, à explorer depuis son navigateur web, propose plusieurs salles pixelisées en basse résolution. Après avoir choisi son pseudo et son avatar, on entre dans le musée virtuel. Dans la première salle, on trouve une installation dysfonctionelle ainsi qu’un cartel qui encourage à parler et jouer avec les étrangers que l'on croise. La visite de l'oMoMA se poursuit dans les trois étages de celui-ci : la salle au miroir, la salle des rythmes, la salle de la censure ... pour se terminer par la chambre noire (salle réservée au "Cybersex" textuel ! ). Le long de son périple en ligne, le visiteur essaie d'échanger avec les autres avatars qu'il croise (dont certains animés par le site) mais les conversations sont difficiles car les propos envoyés sont souvent transformés pour l'expérience voulue dans salle. En conclusion, l'oMoMA offre une expérience sociale inédite et une belle réflexion sur le jeu, l'art et la médiation culturelle. Je vous laisse l'explorer seul-e ou à plusieurs...
2) Fédérés pour surmonter 🖇️⛰️
Face à l’épidémie de Covid-19, l'OCIM (Office de Coopération et d'Information Muséales) a ouvert depuis le 31 mars 2020 dans son site Web la section spéciale "Distances". Celle-ci “accueille les regards réflexifs et instantanés d’acteurs (chercheurs, professionnels) durant cette période inédite, pour mieux en saisir les enjeux, aujourd’hui pour demain”. Les intervenant·e·s sont nombreux·ses : François Mairesse, Serge Chaumier, Daniel Jacobi, Yves Winkin ou Muriel Molinier…
Céline Chanas, présidente de la Fems (Fédération des écomusées et des musées de société), indiquait le 18 avril 2020 dans un tweet "On parle beaucoup des "grands" musées, et plus généralement des poids lourds du secteur culturel, mais la crise impacte de plein fouet tout l'écosystème muséal, en particulier les plus fragiles, les écomusées et musées de société, le secteur associatif". Ce tweet pointait vers sa tribune publiée dans Distances : "Fédérés pour surmonter, tous et ensemble : la Fems agit pour ses adhérents". “Au fur et à mesure que le confinement dure, la confiance s’érode, l’incertitude s’installe, la réalité de la gestion de la trésorerie amènent à prendre des mesures plus strictes”. Au delà du constat, cette tribune nécessaire interroge la disparité des modèles actuels des musées et l'accélération dans le milieu culturel (avec la voie de l’hyperévènementialisation). La question du numérique est aussi au centre de la tribune avec “l’engagement réel pour des données culturelles ouvertes”. Tribune qui se conclue avec l'excellente question : “D’une certaine façon, dans l’enjeu de l’ouverture numérique, entendue essentiellement comme l’ouverture des données issues des collections numérisées, n’y a-t-il pas aussi un risque de remettre excessivement l’accent sur les collections au détriment du discours, du débat, de la participation des habitants d’un territoire ?”.
3) Notre gribouillage quotidien ✏️📒
Fondée en décembre 1768, la Royal Academy of Arts (RA) de Londres est une institution artistique indépendante dont le but est de promouvoir la création ainsi que l'appréciation et l'intérêt des arts visuels par le biais d'expositions, d'actions éducatives et de débats. Dans Twitter, la voix de l’institution est très directe avec sa communauté. La @royalacademy publie le 18 mars 2020 ce court tweet : "who can draw us the best ham" (qui peut nous dessiner le meilleur jambon). C'est ainsi que débute le #RAdailydoodle, un défi quotidien où l'institution demande à sa communauté Twitter de dessiner autour d'un thème ou d'une image. Que se soit un oiseau, un vélo, une tête de cochon ou un rouleau de papier toilette, les dessinateurs sont chaque jour nombreux au rendez-vous et les propositions sont multiples. Comme l'indique la @royalacademy : "Vous n'avez pas besoin d'être Léonard de Vinci... Il suffit de mettre un stylo / un crayon sur une feuille de papier / un post-it / un revers de main". Le choix pour cette activité participative n'est pas du au hasard ; dans les collections de la Royal Academy of Arts figurent des doodles > "Le gribouillage n'est pas un phénomène moderne. De tout temps, distrait lors de réunions ou de dîners, les artistes ont laissé leur esprit vagabonder, remplissant des pages de bricoles de créativité expérimentale". Vagabondons...
4) Penser le numérique 🤔🤯
Nathalie Bondil, directrice générale du Musée des beaux-arts de Montréal, indiquait dans un article publié le 10 avril 2020 par le site d'information canadien La Presse que “Cette crise va faire en sorte que l’on développe encore davantage nos collaborations grâce aux plateformes numériques”. A nouveau interviewée par La Presse, quatre jours plus tard, celle-ci ajoutait : “L’être humain est un animal social. L’art est lié à l’émotion et à l’expérimentation, donc les visites dans les musées se poursuivront. Le numérique pourra préparer la visite et la compléter, mais ne s’y substituera pas”. On ne peut qu'être d'accord avec les deux premières phrases de cette intervention, mais la troisième me questionne:
Le continuum de visite n'est pas plat mais en quatre dimensions.
Le numérique est hybride par nature. Il fait souvent, et de plus en plus, partie de l'expérience de visite des musées. Pourquoi opposer celui-ci à la visite physique?
Penser uniquement le numérique comme un complément maintient sa vision d'"outil". Une vision qui ne permet pas d'envisager un bon nombre de perspectives que celui-ci peut offrir.
Et vous qu'en pensez-vous ? Vos réponses en commentaire à cette publication sur le site de Muzeodrome ou du coté de son compte Twitter qui vient de passer le cap de 700 abonné-e-s.
5) Cet objet effrayant 💀😱
Objets macabres, squelettes, momies, tombes, cercueils… Depuis 2017, dans son site, dans Twitter et dans Youtube, Juliette Cazes (alias Le Bizarreum) creuse le sillon du "deathstyle". "Si parler de la mort est tabou, mes travaux sont faits pour libérer la parole autour de ce sujet par le prisme de l’histoire, des faits, des objets et bien sûr des humains et de leurs cultures...". Le Bizarreum développe autour de la thématique, à priori négative, de la mort et de ses rites, une approche à la fois savante et créative. Ses publications rencontrent un public à qui elle permet de positiver cette thématique et ainsi "d'apprivoiser" la fin de vie. Sa dernière proposition : une identification participative des objets les plus dérangeant des collections des musées avec le hashtag #ObjetLePlusEffrayant (version francophone du hashtag #CreepiestObject).
/ # via @mpe_p3 / Merci à Michel Kouklia pour sa relecture et ses propositions
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A tout soudain pour un prochain numéro,
Omer Pesquer { https://omer.mobi/ }
PS : les flashs du #ConfinementMuséeURL reviennent la semaine prochaine.