Drôles au musée
muzeodrome #159 - S07E04
Bienvenue dans le numéro 159 de muzeodrome !
L’infolettre qui explore deux fois par mois les pratiques divergentes, les numériques alternatifs et les démarches prospectives à l’œuvre dans les musées, les expositions et au-delà.
muzeodrome est indépendant, engagé et parfois décalé. Dans cette courte édition de son infolettre publiée juste avant les fêtes de la fin d’année 2025, le décalage est intentionnel. Au sommaire : un site Web vraiment original qui invite à la dérive dans les œuvres de la Renaissance, deux comédiens basés à New-York qui utilisent les musées comme terrain de jeu, ainsi que cinq brèves.
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La musée ?
Avez-vous déjà explorer le site Web La Musée ?
Celui-ci est si singulier que j’ai voulu en savoir plus en questionnant la personne à son initiative.
Bonjour - La musée c’est quoi ?
La musée c’est une proposition exploratoire de détails d’images de la Renaissance. Sous la forme d’un site, chaque visiteur est confronté à des images où tous les détails sont cliquables et emmènent vers d’autres œuvres où se trouve le même détail. On peut explorer les chiens, les gestes des cornes, les myosotis où les routes sinueuses et découvrir plein d’images, voire ébaucher des théories.
Le projet existe depuis 2013, c’était mon projet de diplôme à l’ESAD Valence, je le documente sur différents réseaux (Mastodon, Bluesky, Infolettre…).
Qui est derrière la musée ?
Derrière la musée se trouve un monsieur, Raoul Bonnaffé, designer graphique au sein de Bonjour Monde, adepte de bricolage en tous genres et obsédé par ces gens qui firent des images en Europe entre 1300 et 1600.
Pourquoi avoir opté pour le genre féminin ?
Je crois que lointainement il y a un lien avec Louise Bourgeois et sa performance Otte de 1995. J’aimais bien le glissement qu’amenait ce changement de genre, l’idée d’amusement, de muse, d’un musée qui marchotte.
Qu’elle a été votre réaction quand vous avez vu fin 2024 que le Musée Sainte-Croix de Poitiers proposait une exposition-manifeste intitulée “La Musée” ?
La musée est un lieu de partage et je serai le dernier à vouloir me faire propriétaire d’un terme. J’étais donc bien intrigué par le projet, presque honteux d’avoir trusté le terme sans lien direct avec les questions de genre.
Vous publiez aussi des livres comme “couples inégaux”. Livres qui sont entièrement fabriqués en France. Pouvez-vous nous en dire plus ?
J’ai un collègue imprimeur qui a reconstitué ce qu’on avait dans les ateliers de l’ESAD Valence, alors nous fabriquons ensemble des livres en petit tirage. Comme pour le site, j’essaie de jouer sur mon statut, à cheval entre le graphisme et l’Histoire, et de réfléchir par l’image, comme avec ce texte sur les représentations de couples avec de grandes différences d’âges, écrit par Isabelle G. Setwart en 1978, que j’ai traduit. Nous avons ensuite fabriqué le livre cette année.
Pour terminer cet entretien, auriez-vous une ressource étrange à communiquer aux lectrices et lecteurs de muzeodrome ?
Je suis tombé dans le terrier du L.L. de Mars, en particulier ses lives hyper denses notamment sur la Renaissance qu’il connaît comme un faiseur d’image peut connaître une époque. Je dois beaucoup au monde universitaire, mais j’aime aussi la pluralité de regards qu’offre Internet.
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Deux comédiens jouent au musée
Samuel (Sami) Bronowski est comédien, scénariste et réalisateur. Français vivant à New-York, il a été remarqué pour ses vidéos humoristiques publiées en ligne. Des vidéos où le comédien questionne régulièrement la culture ou la technologie. Trois exemples :
un virtuose des raccourcis clavier qui milite pour l’abandon de l’usage de la souris.
une librairie qui propose un système de vente original (visant particulièrement ceux qui achètent des livres mais qui ensuite ne le lisent pas !)
un vendeur à la sauvette de boîtes de soupes devant les musées (vidéo faisant suite aux actions médiatisées de militant·e·s écologistes en 2024).
Sami Bronowski travaille souvent avec Dan Mahboubian Rosen (alias TheDanRosen), un autre touche à tout, lui natif de New-York. Et certaines de leurs vidéos communes ont pour thème le musée, je vous en ai sélectionné trois datant de 2024 :
Voir un tableau comme un film (avec la peinture Washington Crossing the Delaware d’Emanuel Leutze)
Quand tu regrettes d’avoir pris l’audio-guide - partie 1. Et si la voix de l’audioguide commençait à vous parler de votre vie et de vos pulsions (ici la partie 2).
Comment faire entrer son art dans un musée. Ou est-ce que le fait d’avoir une carte de membre d’un musée vous donne le droit d’y exposer vos œuvres ?
En ce mois de décembre 2025, Sami et Dan viennent de publier une nouvelle vidéo qui se déroule dans un musée. Le début de l’histoire : un visiteur d’un musée est poursuivit depuis 20 minutes par un type qui a l’air de lui en vouloir, mais pourquoi?
Maintenant, à vous de me dire, en commentaire ou par courriel, si vous trouvez que les sketches du duo sont drôles ou pas ?
En tous cas, ces vidéos montrent qu’utiliser les antagonismes entre deux personnages permet de développer des formes narratives qui ont un intéressant potentiel pour des médiations humaines ou numériques.
Complément : en juillet 2024, dans une vidéo titrée “Europe is Over”, Dan Mahboubian Rosen réagissait à l’action menée sur des touristes états-uniens par des habitants de Barcelone excédés par le sur-tourisme. Dans cette vidéo tournée à Paris, le comédien martelait que l’Europe avait perdu sa grandeur et que celle-ci devait accepter sa nouvelle place dans le jeu mondial : n’être qu’un gigantesque parc d’attractions avec des “villes musées“ ! Du drôle au gringe, il n’y a souvent qu’un pas.
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Lu, vu, entendu ⚡
Vous les avez peut-être ratées, muzeodrome a compilé ces informations et ressources pour vous :
Avec des appareils “rétrofittés” | Dans le numéro 158 de l’infolettre, suite à l’entretien avec Martin Lafrechoux (éditeur de l’infolettre “Absolument Tout”), je vous posais la question suivante : “Selon vous, de vieux appareils numériques “rétrofittés” peuvent-ils devenir des dispositifs de médiation intéressants ?”. Vous êtes 48 à avoir répondu à ce sondage. Les résultats : [Oui] 85 % - [Peut-être] 6% - [Non] 8%. Un résultat encourageant pour poursuivre des recherches dans ce sens.
Un nouveau musée du jeu vidéo | Reconnue d’intérêt général, l’association à but non lucratif MO5 a pour objectif de préserver le patrimoine numérique depuis sa création en 2003. Le 13 décembre 2025, MO5 a ouvert à Arcueil (Val-de-Marne, proche banlieue parisienne) un musée du jeu vidéo qui propose “1200 m² d’exposition permanente couvrant l’histoire de 1950 à nos jours” et “plus de 140 machines jouables (consoles, bornes d’arcade et micro-ordinateurs)”.
Mariopainting | Vous connaissez peut-être l’artiste Florent Deloison au travers de son initiative uchronique GiscardPunk ou de ses variations décalées autour de classiques du jeu vidéo. Mais saviez-vous qu’au milieu des années 2000 il avait vendu des “reprises” de peintures classiques réalisées avec le logiciel de dessin Mario Paint, sorti en 1992 ? Conçu en 2005 à l’aide de Mario Paint pour le graphisme, le micro-site Web pour présenter ces “reprises” est toujours en ligne vingt ans plus tard.
Le temps passe | Il y a 31 ans, en décembre 1994, le musée du Louvre publiait son premier cédérom “Le Louvre : Collections et palais“. L’énorme succès de celui-ci avait eu pour effet de porter de très nombreux projets de titres multimédia dont certains étaient vraiment originaux. Mais sept ans plus tard, en 2002, le marché du cédérom était déjà en plein déclin.
Bientôt dans cette galaxie (suite) | Le Lucas Museum of Narrative Art devait ouvrir ses portes dans le parc des expositions de Los Angeles en 2025 (voir muzeodrome n°127, juin 2023). Sa date d’ouverture est maintenant clairement fixée au 22 septembre 2026.
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C’est déjà la fin de ce court numéro 159.
Avant de partir, n’oubliez pas de donner votre avis ou de partager cette publication.
A (presque) tout soudain ici ou ailleurs en 2026,
o m e r
Je suis Omer Pesquer → je conseille les organisations culturelles dans leurs extensions numériques en lien avec leurs publics. Face aux enjeux actuels, j’explore et sollicite d’«autres numériques» - des numériques fertiles, conviviaux, frugaux, robustes, souvent simples et parfois sauvages.
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P.S.: Merci à Michel Kouklia, mon partenaire dans KMnOP, pour la relecture de ce numéro.
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