La nécessité heureuse du bruit
Muzeodrome #83
Salut à tou·te·s,
Bienvenue dans Muzeodrome, l’infolettre inspirante qui vous plonge dans la créativité des musées et des espaces d’expositions. Cette semaine, je vous propose de débuter par une exposition qui fait du bruit :
👀 Illustration : Ada Hop (dans Radio Fischli Weiss du collectif TT-Node, une des installations de l’exposition “SIGNAL/BRUIT“ proposée par le festival Sonic Protest).
1) Exposer le bruit 🔊⚡🎧
Festival des musiques singulières et des pratiques brutes de la musique, Sonic Protest a été fondé en 2003 par Arnaud Rivière, Franq de Quengo et Benoît Sonette (en réaction à Sonic Process présenté la même année au Centre Pompidou).
L’édition 2021 de Sonic Protest propose des rencontres et de nombreux concerts, ainsi qu’une exposition d’art sonore en action. Aménagée à Montreuil (Seine-Saint-Denis) dans l’annexe des Instants Chavirés (lieu historique de la diffusion des musiques expérimentales en Europe), l’exposition “SIGNAL/BRUIT“ se compose de trois installations dont une du collectif TT-Node (Pi node). Fondé en 2014, ce collectif d’artistes anonymes est dédié “à la recherche autour de la radio en tant que média d’expérimentation”. Son installation-parcours “Radio Fischli Weiss“ applique le principe de la réaction en chaîne à la transmission du son “(par voies lumineuses, aqueuses, mécaniques ou hertziennes)”. Le parcours s’opère dans l’espace d’exposition avec un casque au travers de 13 modules très différents. Ceux-ci sont constitués de tout un ensemble de matériel de transmission/réception audio, ainsi que d’éléments de résistance (dont une pierre). L’œuvre dans son ensemble ”permet d’observer le parcours de l’information de modules en modules et d’entendre la détérioration du son au fur et à mesure de son déplacement dans l’espace”. Le message initial diffusé dans une enceinte du premier module peut être considéré comme une médiation/explication de l’exposition. Au fil du parcours, le rapport signal sur bruit devient de plus en plus faible et le message initial disparait pour laisser place à un flux bruitiste.
“En faisant nôtres les constats d’Antoinette Rouvroy sur le basculement de la culture du signe interprétable vers une culture du SIGNAL calculable, nous insisterons sur la nécessité heureuse du BRUIT comme résultante d’une résistance.” Sonic Protest
Effectuée avec le soutien de l’Espace Multimédia Gantner, l’exposition est ouverte du dimanche 27 juin au dimanche 11 juillet 2021 - du mercredi au dimanche - de 15h à 19h. Son entrée est gratuite.
Note : L’installation Radio Fischli Weiss fait référence au fameux film expérimental suisse “Le Cours des Choses” (Der Lauf der Dinge) réalisé en 1987 par Peter Fischli et David Weiss. En 2015, une version précédente de Radio Fischli Weiss avait été présenté à Orléans.
2) Nouveau parcours 📜🔥
Le 3 juillet 2021, “Le Bien Public” titrait en couverture “Le MuséoParc entre dans le futur“. Le quotidien de la Côte-d'Or avançait ce titre pour la réouverture du musée avec son tout nouveau parcours permanent. Parcours dont les promesses sont “un nouvel éclairage sur l’histoire“ ainsi qu’”une expérience de visite inédite“. J’ai voulu en savoir plus en questionnant Michel Rouger, le directeur du MuséoParc Alésia (Bourgogne).
Quels sont les objectifs du nouveau parcours permanent du MuséoParc Alésia ?
Les objectifs sont multiples ! Tout d’abord, élargir le discours en replaçant le siège d’Alésia dans l’occupation du site en parlant de la présence des Gaulois avant l’événement de -52 et de la ville gallo-romaine qui s’est développée après. Présenter plus de collections archéologiques avec pas moins de 600 pièces à admirer au fil de la visite. Et enfin, rendre le parcours plus interactif, plus accessible afin que les visiteurs soient acteurs de leur découverte. Avec une dimension ludique qui est la marque du MuséoParc Alésia !
Quels ont été les dispositifs numériques choisis dans ce parcours ? Et pourquoi ?
Il a été convenu avec Clémence Farrell, la scénographe, et Muséomaniac en charge de la partie multimédia que tous les dispositifs devaient être au service du discours : pas de gadgets ! C’est ainsi que nous avons des vitrines-écrans qui s’animent : une archéologue apparaît pour présenter les objets qui sont à l’intérieur de la vitrine. Grâce à la technologie du mapping, les bustes de César, Vercingétorix et Napoléon III s’adressent directement aux visiteurs en donnant leur vision des événements. S’inspirant des jeux vidéos et de la technologie Kinect, vous pouvez apprendre à combattre comme un Gaulois ou comme un Romain ! Vous pouvez aussi créer votre avatar et participer à un quiz au cœur du parcours. Marqueurs de cette nouvelle scénographie, ces dispositifs n’évolueront pas dans l’immédiat.
Pourquoi avez-vous choisi de vous éloigner de dispositifs plus classiques ?
Parce que l’envie collective était de proposer autre chose et de surprendre le visiteur ! Pour autant, nous avons des dispositifs plus classiques comme des montages vidéos, des interviews, des bases de données consultables via écrans tactiles qui seront facilement évolutifs dans l’avenir. Surtout, les dispositifs numériques viennent en complément d’une médiation faite également de manipulations et d’objets tactiles. Ainsi les dispositifs se répondent entre eux sur l’ensemble du parcours…
► Pour en savoir encore plus, je vous invite à consulter le dossier de presse diffusé lors de la réouverture du MuséoParc Alésia.
3) Enfin assis 🖼️🪑
Le manque d’assises dans les musées s’expérimente souvent, surtout quand la fatigue muséale investit les corps de celles et ceux qui les visitent.
En ce mois de juillet 2021, les éditions B42 viennent de publier “S’asseoir au Louvre”, un ouvrage qui “donne à voir l’ensemble du mobilier conçu par le designer Martin Szekely dans le cadre d’une commande passée par le musée du Louvre“. Présentation de l’éditeur : “Des fauteuils dessinés spécifiquement pour les agents de surveillance aux banquettes à destination des visiteurs, en passant par les quelques centaines d’« assis-debout » disséminées dans les 404 salles du musée, cet ouvrage revient sur la démarche de conception et de production qui ont guidé l’élaboration de ce projet“.
A l’occasion de cette parution, j’apprends que le musée du Louvre est composé de 404 salles, un vrai Labyrinthe.
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Merci pour votre attention. La suite au prochain numéro….
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A tout soudain,
Omer Pesquer { https://omer.mobi/ }
Ps : Merci à @dr_kouk pour sa relecture de ce numéro et des précédents.