Salut à tou·te·s,
Bienvenue dans Muzeodrome, l’infolettre inspirante qui vous plonge dans la créativité des musées et des espaces d’expositions.
Dans un peu plus d’un mois, le 4 novembre 2021, l’infolettre fêtera ses deux ans. En attendant, je vous propose cette semaine un numéro avec deux notules : la première est consacrée à l’impact du renouveau de la conquête spatiale sur la sphère muséale, la seconde est un entretien avec Camille Françoise autour de l’Open GLAM.
Bonne lecture et belles découvertes….
👀 Illustration : Ada Hop - La fusée chinoise Longue-Marche 5B
1) Vers le cosmos 🚀🚀
”En juillet 1969, l'Homme posait le pied sur la Lune. En octobre 1969, le réseau Arpanet établissait la première communication entre l'université de Californie à Los Angeles et l'Institut de recherche de Stanford. L'exploration humaine glissa alors vers le numérique. Depuis, l'Homme n'est pas allé physiquement plus loin que la Lune et le logiciel dévore le monde.” (Extrait de “Vers d’autres numériques“ publié dans La lettre de l’Ocim n°194 - p54 > p56).
L’arrivée du numérique et la conquête spatiale sont liées, au moins historiquement. Depuis la mission Apollo 17, à la fin de l’année 1972, aucun être humain n’a reposé le pied sur le sol lunaire. Alors que la terre et ses espèces vivantes souffrent de plus en plus du poids des activités humaines, certain·e·s voient l’espace et ses planètes possiblement “terraformable“ comme la solution ultime pour sauver l’humanité. Cette vision associée aux batailles technologiques et idéologiques entre les États-Unis et la Chine entraine une redynamisation forte de la conquête spatiale. Un renouveau qui coté américain se couple avec une privatisation au travers de sociétés dirigées pour certaines par des personnalités en provenance du numérique, particulièrement Elon Musk et Jeff Bezos. Du coté de la Chine, la longue marche vers l’espace a commencé dans les années 60. Depuis le début du 21e siècle, le Céleste Empire a amplifié son programme spatial (avec en 2003, le vol de son premier taïkonaute - et récemment la mise en orbite des premiers éléments de sa nouvelle station spatiale). La prochaine étape de cette conquête sera marquée par le premier pas d’un homme ou d’une femme sur la planète Mars. Mais en quelle année celui-ci aura-t-il lieu et de quelle nationalité sera la première femme ou le premier homme à fouler le sol martien?
Dans cette bataille, les musées liés à l’espace deviennent des enjeux. Le 5 aout 2021, Artnet dans ses actualités publiait un article annonçant que “le plus grand musée d'astronomie de l'histoire vient d'ouvrir ses portes à Shanghai et il est hors du commun“. Le Shanghai Astronomy Museum, qui contient un observatoire, un planétarium et un télescope solaire de 30 mètres de haut, met la conquête spatiale chinoise en avant dans son exposition permanente. A la mi juillet 2021, un autre article d’Artnet signé Caroline Goldstein indiquait que “Jeff Bezos est tellement obsédé par l'espace qu'il vient de donner 200 millions de dollars au musée de l'air et de l'espace du Smithsonian”. L’institution états-unienne dans un communiqué précisait : “Ce don est le plus important offert à la Smithsonian depuis le don fondateur de l'institution par James Smithson en 1846. Une partie de ce don, soit 70 millions de dollars, servira à financer la rénovation du National Air and Space Museum et 130 millions de dollars permettront de lancer un nouveau centre éducatif au sein du musée”.
Deux actualités qui confirment la non neutralité de la sphère muséale par rapport au futur de l’humanité, alors que la nécessité de la conquête spatiale n’est pas partagée par tout·e·s. Certain·e·s appellent même à d’autre futurs orientés par la disnovation et à la défuturation.
Note : le titre de ce numéro est extrait de la fin de la fameuse chanson de David Bowie "Space Oddity" : “Here am I floating 'round my tin can / Far above the Moon / Planet Earth is blue / And there's nothing I can do“.
2) Ouvrir les GLAM 🏛️👐
Comme le précise Wikipédia, “GLAM est un acronyme anglais pour Galleries, Libraries, Archives and Museums (en français Galeries, Bibliothèques, Archives et Musées)”. Il est essentiel pour les GLAM d’ouvrir en ligne leurs contenus pour opérer le mieux possible à leur diffusion, tout du moins pour les contenus qui sont des numérisations d’oeuvres du domaine public. Sur ce sujet stratégique, j’ai questionné Camille Françoise, qui vient de rejoindre l’organisation Creative Commons.
1) Camille Françoise, quel est votre parcours ?
En parallèle de mes études à l'Université d’Artois et à l’Ecole Nationale des Chartes, j’ai été co-coordinatrice de Museomix Nord en 2013 et 2014. Après avoir travaillé dans plusieurs musées en France et à l’étranger, j'ai intégré l’IFLA en 2019 en tant que chargée des politiques et de la recherche sur le droit d’auteur et l'accès libre.
2) Vous venez de rejoindre Creative Commons au poste de GLAM Manager ? En quoi consiste ce travail ?
Dans le cadre du projet Open GLAM, le poste vise à favoriser, soutenir et développer:
les politiques publiques soutenant les objectifs de l’Open GLAM (Galleries, Libraries, Archives and Museums);
les infrastructures et un écosystème ouvert et solide;
les activités de renforcement des capacités des professionnel·le·s et d’assistance technique aux institutions;
l’impact et le rayonnement de la communauté Open GLAM internationale.
3) Que peuvent apporter les Creative Commons aux musées ?
Creative Commons propose des outils (licences et outils du domaine public) qui permettent aux GLAM de concrétiser leurs politiques d’ouverture de contenus culturels et patrimoniaux.
Ces outils permettent de signifier le statut des droits des collections et donc les usages autorisés. Cela facilite le partage, la réutilisation, la modification des contenus par les usager·ère·s, créateurs et créatrices.
4) On cite souvent le Rijksmuseum, le MET et quelques autres gros établissements pour leur politique d'ouverture et leur utilisation de la licence CC0. Auriez-vous un exemple particulièrement inspirant d'un musée de taille plus modeste ayant procédé à cette démarche ?
En France, le Musée de Bretagne est un très bon exemple. Plus modeste mais avec une grande volonté d’investir dans l’ouverture de ses collections. Pour d’autres exemples : découvrez l’OpenGLAM Survey.
5) Pour compléter notre échange, auriez-vous des ressources consacrées au Creative Commons à recommander aux lectrices et lecteurs de Muzeodrome ?
Pour en savoir plus, voici quelques liens sur les licences (ici et ici), et quelques vidéos plus générales (ici et là). Vous êtes également les bienvenu·e·s pour rejoindre notre Open GLAM mailing-list en anglais.
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Merci pour votre attention. La suite au prochain numéro….
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A tout soudain,
Omer Pesquer { https://omer.mobi/ }
Ps : Merci à @dr_kouk pour sa relecture de ce numéro et des précédents.