Salut à tou·te·s,
Bienvenue dans Muzeodrome, une infolettre subjective qui vous plonge dans la créativité des musées et des espaces d’expositions.
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Ce dernier numéro de l'année de Muzeodrome est spécial, il vous propose cinq tendances singulières pour faire face aux défis à venir, dont quatre dans le domaine du numérique :
1) Plus de diversité
Une tendance actuelle des projets numériques est d'aller vers des solutions standards répondant à des "problèmes" plus ou moins bien identifiés. Une tendance dangereuse, car elle nuit en premier lieu à la diversité des projets.
Dans un entretien récent, effectué lors de la parution de son ouvrage "Le Design des choses à l’heure du numérique"(FYP), Jean-Louis Frechin (nodesign) indique : "ces méthodes standardisées peuvent avoir un intérêt à court terme, mais elles sont pratiquées tout autour de la planète de la même façon dans des cliniques à design aseptisées et interchangeables. Tout est identique". Les méthodes standardisées évoquées par Jean-Louis Frechin sont pour lui celles basées sur les utilisateurs (User-Centered Design - UCD , User eXperience - UX).
Chaque musée affirme souvent sa singularité par son histoire et par ses collections. Alors pourquoi, les choix technologiques opérés par les différents musées seraient les mêmes ? J'en appelle à explorer d'autres territoires numériques, à travailler avec d'autres méthodes (voir le post-scriptum à la fin de ce numéro), à développer d'autres visions loin du "solutionnisme" ambiant.
2) Plus d'indépendance
Les musées dans leurs extensions numériques sont devenus dépendants des géants du Web (plateformes, technologies, hébergements, formats...). Cette dépendance s'est par ailleurs amplifiée ces dernières années.
Un exemple récent confirme cette trop forte dépendance : les données de la Plateforme Ouverte du Patrimoine (POP) du Ministère de la Culture sont actuellement hébergées par Amazon Web Services (L'objectif de PoP étant de regrouper les contenus numériques du patrimoine français afin de les rendre accessibles et consultables au plus grand nombre).
Il est plus que temps que cette question vienne sur le devant de la scène, et que les musées proposent des alternatives décentralisées pour le bien-être numérique de tou·te·s.
Deux initiatives pour aider à penser et à agir dans ce sens : "Data Detox Kit" et "Dégooglisons Internet".
3) Plus de légèreté
Les sites Web sont aujourd'hui pour la plupart adaptés aux dispositifs mobiles (ce qui n'est pas encore le cas de tous, voir par exemple celui du Louvre) mais ils sont devenus très lourds (grandes images, avalanches de ressources complémentaires...). Dans les refontes en cours ou à venir, et dans une logique éco-responsable, les sites Web de musées devront être plus économes en ressources.
Le Website Carbon Calculator (websitecarbon.com - WCC) permet d'avoir une idée de la lourdeur des sites Web actuels. Un exemple : dans la grille d'analyse du WCC (qui se concentre sur la page d'accueil), le site Web du MoMA serait 89% "plus sale" que les autres sites testés par l'outil et le chargement de sa page d'accueil produirait environ 5.76g de CO2.
La démarche privilégiant l'économie d'énergie et de ressources doit évidement s'étendre bien au delà du Web.
4) Plus de recyclage
Si beaucoup de nouveaux musées et centres d'expositions s'installent aujourd'hui dans d'anciens espaces industriels (usines, fabriques...), il est rare que se pose la question de l'utilisation de vieux matériels informatiques pour concevoir de nouveaux dispositifs numériques. Cette intéressante démarche de recyclage demande à être plus visible.
L'artiste Benjamin Gaulon (alias Recyclism) développe ses créations dans cette démarche. Avec Jérôme Saint-Clair, il a fondé l'Internet of Dead Things Institute : "Dans l'état d'urgence climatique actuel et le spectre d'un effondrement écologique mondial, l'Internet of Dead Things Institute (@iodtlab) se consacre à la reconversion des technologies de l'information et de la communication dites obsolètes". Le premier projet phare de l'@iodtlab est la réutilisation des Minitels* avec un système d'exploitation Open Source - MinitelSE. On espère que les projets de ce genre vont se multiplier...
Note : Plus de 6 millions de minitel étaient en service en France en 1993.
5) Plus de visions
Naomi Klein dans le premier numéro de Bulb (Libération - octobre 2019) soulignait "Personne ne nous montre une vision du futur dans laquelle on déciderait de changer".
Les musées devraient pouvoir provoquer des visions qui amènent l'homme vers d'autres futurs. Dans cette direction, EIT Climate-KIC et We Are Museum ont organisé en novembre dernier l'événement pilote "Museums Facing Extinction" dont l'introduction était la suivante "Nous sommes à un moment critique en ce qui concerne la crise climatique. Nous avons besoin de nouvelles façons de travailler ensemble et d'agir. Les musées peuvent être des agents de changement !" (Lire l'article en anglais de Diane Drubay: "18 Provocations à la communauté muséale pour faire face à la crise climatique")
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Rendez-vous en 2020 pour le prochain numéro,
Omer Pesquer { https://omer.mobi/ }
Ps : le mardi 28 janvier 2020 de 16h à 16h45, je serai un des intervenant-e-s de l'atelier du SITEM "#Hambye3D: une méthodologie souple, au service de la réussite d'un restitution 3D singulière". En assistant à cet atelier, vous apprendrez comment une méthodologie adaptée (et non solutionniste) contribue à la mise au point d'un dispositif 3D inédit.
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