Salut à tou·te·s,
Bienvenue dans Muzeodrome, l’infolettre inspirante qui vous plonge dans la créativité des musées et des espaces d’expositions.
En ces temps [toujours] étranges et incertains, voici cinq choses qui valent la peine d'être partagées avec vous cette semaine :
1) Des chansons d'amour 🎵💖
Les musées ne sont pas neutres mais peuvent-il évoquer des chansons d'amour ?
Fondé en 2016, BeMuseum est un réseau axé sur l'innovation pour les professionnels des musées en Belgique. Sa 4ème conférence se déroulera le 9 octobre 2020 au Musée Juif de Belgique (Bruxelles).
“BeMuseum présente les meilleures pratiques professionnelles et documente les nouvelles tendances innovantes et technologiques (high et low tech).” BeMuseum
BeMuseum se penche cette année sur deux sujets brulants :
Les financements alternatifs et la "nouvelle norme" dans les musées
Musées & activisme : la neutralité en question
#BeMuseum2020 présentera aussi #museumslovesongs : une série de t-shirts faisant le lien entre les musées et les chansons d'amour (t-shirts au design inspiré par celui de #MuseumsAreNotNeutral) - les 5 premiers titres :
No Women No Museum
Dancing in the museum
Museum are all you need
Note : BeMuseum indique que ces t-shirts seront disponibles à la vente lors de sa conférence 2020, sans préciser leur disponibilité par la suite.
2) Le crédit muséal 💳📝
“Alibaba a annoncé ce vendredi 25 septembre 2020 s’être associé au musée du Louvre pour diffuser en direct une visite virtuelle du palais et de ses célèbres chefs d’œuvre. Via la plateforme Fliggy, lancée en décembre 2019 et dédiée aux services de voyage, le géant chinois a offert une visite virtuelle des salles les plus emblématiques du musée.”
Aude Chardenon in L'Usine Digitale (25/09/2020)
D'une durée de deux heures, ce live a été effectué à l’approche de la semaine de vacances de la fête nationale chinoise. Selon Alibaba : “la visite virtuelle a réuni 380·000 spectateurs dès la première minute de diffusion”. Le Président-Directeur du musée du Louvre, Jean-Luc Martinez, a déclaré que cet événement à destination des touristes chinois a permis de donner “la possibilité de voyager de manière virtuelle, en attendant que la reprise des vols internationaux permette de venir”.
De son coté, le Comité Régional du Tourisme de la Région Île-de-France a signé dés 2018 un accord avec Fliggy* autour de 3 piliers : le tourisme, la smart city et l’attractivité. Au niveau du tourisme, un des axes de développement est “le déploiement de la solution de paiement via mobile « Alipay », l’un des principaux moyens de paiement des Chinois, encore trop peu développé en France”.
En Chine, le Sesame Credit (Zhima Credit) s'appuie Alipay (solution de paiement du groupe Alibaba) pour calculer un score de consommateur sur la base d'une variété de facteurs. Le Sesame Credit est un des dispositifs du "crédit social", système qui utilise l'analyse du big data (du big capta) pour effectuer une surveillance de masse globale.
Les musées ne sont pas neutres dans leurs choix d'environnements numériques. Passer des partenariats avec Alibaba pose la question du renforcement du capitalisme de surveillance et de la société d'exposition. De là à imaginer qu'un système de "crédit social" devienne dans un futur proche une norme en Europe...
Note 1 : * En 2018, “l’ambition de la France [était] de passer de 2 à 5 millions de touristes chinois dans l’Hexagone d’ici à 2020” (Source : La Tribune)
Note 2 : Les très grands musées occidentaux multiplient ces derniers années leurs présences dans les magasins en ligne chinois dont Tmall (place de marché pour le grand public du groupe Alibaba).
3) Vu sur le Web 👀🕸️
Mariette Escalier est chargée de projets Médiation Numérique au Quai des Savoirs (“centre culturel consacré aux sciences, aux technologies et à la création contemporaine” à Toulouse). Depuis mars 2019, elle présente en podcast la chronique « Vu sur le Web » (20 numéros diffusés à ce jour). Chronique qu'elle décline depuis peu en version article pour le média social Echosciences Occitanie.
« Vu sur le Web », c'est quoi ?
“« Vu sur le Web » est ma chronique pour le Podcast mensuel du Quai, où je partage mes coups de cœur en médiation numérique, à l’invitation de notre rédacteur en chef et directeur. Elle s’inscrit dans un de nos axes éditoriaux : valoriser les nouveaux modes de transmission de savoirs, notamment numérique, via les réseaux sociaux ou avec les vulgarisateur·trices YouTube. Le podcast s’adresse plutôt à un public pro mais nos chroniques peuvent aussi intéresser un plus large public, notamment les 15-35 ans.”
Comment trouves-tu tes sujets ?
“En vadrouillant sur les réseaux sociaux, ou en furetant sur un sujet précis. Une règle d’or : je ne parle que de mes coups de cœur, sinon le ton de ma chronique s’en ressentirait !”
Une anecdote ?
“Récemment, une twitteuse (@EloScicomm) a découvert dans une de mes premières chroniques le challenge #3emojithesis. Elle a alors twitté à ce sujet et cela a généré un nouvel engouement autour de ce hashtag : cela m’a fait plaisir de voir qu'une de mes découvertes pouvait ainsi plaire et susciter un buzz, même des mois plus tard.”
4) Sans les doigts 👉✂️
Le dessinateur argentin Quino (1932-2020) vient de disparaitre. Surtout connu pour le personnage de bande dessinée Mafalda, Quino était un grand dessinateur d'humour (parfois très noir). Il avait consacré un certain nombre de ses dessins à l'univers des musées - petite sélection :
Lors de sa visite du musée des chefs-d'œuvres, un jeune garçon a une réaction inattendue face à la Joconde.
Une femme de ménage range de façon approfondie un salon où figure une reproduction en taille réduite de Guernica.
Sur la porte d'une salle d'un musée, un panneau "Prière de ne pas toucher" - au mur une étrange pince à découper - au sol les doigts de celles et ceux qui n'ont pas respecté la consigne.
/Un grand merci à Santos M. Mateos qui m'a signalé deux de ces dessins.
5) Le temps long ⌛⌛
Fernando Domínguez Rubio, actuellement professeur associé au département de communication de l'université de Californie de San Diego, rappelle dans son ouvrage "Still Life" que les musées travaillent sur le temps long pour éviter la disparition des œuvres dont ils ont la charge.
“Comment empêcher les fissures de la Nuit étoilée de se propager ? Comment empêcher la disparition des œuvres d'art faites de câlins ou de bonbons ? [...]
Dans Still Life, Fernando Domínguez Rubio se plonge dans l'un des plus importants musées du monde, le Museum of Modern Art (MoMA) de New York, pour explorer les dilemmes quotidiens auxquels sont confrontés les travailleurs des musées lorsque les œuvres d'art immortelles que nous voyons dans la salle d'exposition se révèlent être des catastrophes qui se déroulent lentement.
Still Life offre un compte-rendu ethnographique fascinant et détaillé de ce qu'il faut faire pour éviter que ces catastrophes ne se produisent. En allant dans les coulisses du MoMA, Domínguez Rubio offre une vue rare du vaste appareil technologique - des infrastructures climatiques et des installations de stockage, aux laboratoires de conservation et aux salles des machines - et des équipes de travailleurs [...] qui se battent pour maintenir les œuvres d'art immobiles...”
Présentation, un peu écourtée, de “Still Life: Ecologies of the Modern Imagination at the Art museum” (édité en aout 2020 par University of Chicago Press)
En ces temps incertains, il est crucial pour les musées qu'ils puissent se projeter dans le temps long en imaginant les possibles évolutions de la crise sanitaire. Nous avons tous envie que cette crise se termine au plus vite. Malheureusement, il ne semble plus impossible que celle-ci dure encore quelques années... Le 2 octobre 2020, Fernando Domínguez Rubio annonçait la transformation d'un de ses principaux cours à l'université de Californie de San Diego en jeu de prospective fiction (effectué en distanciel) :
“Nous sommes en 2031 et le coronavirus est là pour rester. Que faisons-nous maintenant?”
/Merci à Jérôme Denis alias @jrmdns
~ ~ ~ ~ ~
👉 Si vous aimez ce numéro, signifier le en cliquant sur le 💙 (ci-dessous ou ci-dessus).
👉 Pour soutenir le projet, il vous suffit de recommander l’infolettre à un·e ami·e et de l’inviter à s’abonner. Cette démarche simple et gratuite aide beaucoup le projet.
👉 Si vous découvrez cette infolettre aujourd'hui, abonnez-vous pour ne pas manquer les prochains numéros.
🙏 Prenez soin de vous - Restez connecté·e
A tout soudain,
Omer Pesquer { https://omer.mobi/ }
Ps : Merci à @dr_kouk pour sa relecture de ce numéro et des précédents.
Ps2 : Merci à @pagissime pour les corrections complémentaires.