Salut à tou·te·s,
Bienvenue dans Muzeodrome, l’infolettre inspirante qui vous plonge dans la créativité des musées et des espaces d’expositions.
Cette semaine, je vous propose de débuter par un choc historique :
👀 Illustration : Ada Hop - d’après une numérisation effectuée dans le cadre de l’initiative FUTURE MEMORY (Cannon Hersey + Akira Fujimoto) - voir ci-dessous.
1) Le 6 aout 1945 à 8h15 ⚛️💥
“À exactement huit heures et quinze minutes le matin du 6 août 1945, heure locale, au moment où la bombe atomique explosa sur Hiroshima, Miss Toshiko Sasaki, employée au service du personnel de la East Asia Tin Works, venait juste de s'asseoir à son bureau en tournant la tête pour parler à sa collègue.”
Première phrase d'Hiroshima de John Hersey, 1946
Larguée sur Hiroshima depuis l’“Enola Gay”, un gros avion bombardier Boeing B-29 Superfortress états-unien, la bombe A du Projet Manhattan qui a détruit Hiroshima (Japon) en 1945 s’appelait “Little Boy”. Les destructions provoquées par la bombe, de cette mission qui a changé le monde, ont été sans précédent. 10 ans après le bombardement, le 24 août 1955, le Musée du mémorial de la Paix de Hiroshima a ouvert ses portes dans le Parc du Mémorial de la Paix de Hiroshima (un espace de plus de 120·000 m2). Dès sa création, des citoyens bénévoles ont mené pour le musée des actions pour collecter des matériaux liés au bombardement.
”Une seule bombe atomique a tué sans discrimination des dizaines de milliers de personnes, bouleversant et altérant profondément la vie des survivants. Grâce aux objets laissés par les victimes, aux artefacts de la bombe A, aux témoignages des survivants et à d'autres documents connexes, le musée du mémorial de la paix d'Hiroshima transmet au monde les horreurs et la nature inhumaine des armes nucléaires et diffuse le message "Plus d'Hiroshima(s)".”
Message principal du Musée du mémorial de la Paix de Hiroshima
En 2020, au travers de l’initiative FUTURE MEMORY, l’“organisation” 1Future a entrepris de proposer “une image contemporaine de la mémoire conservée” au Musée du Mémorial de la Paix d'Hiroshima. Le directeur et fondateur de 1Future n’est autre que Cannon Hersey, le petit-fils du journaliste John Hersey - l’auteur du grand reportage choc sur Hiroshima publié en août 1946 par le New Yorker (voir ci-dessus). Conduit en 2020 par deux artistes, l’états-unien Cannon Hersey et le japonais Akira Fujimoto, le projet FUTURE MEMORY a produit plusieurs numérisations 3D.
“Il s'agit d'une nouvelle façon de créer votre propre mémoire avec une nouvelle façon de vivre le passé” Akira Fujimoto (dans la vidéo présentant le projet).
Le choix des objets “sans noms” opéré par les deux artistes est particulièrement intéressant.
2) Muzeonum a 10 ans 🏛️💻
« Les #museogeeks (de muséo, préfixe évoquant le musée et –geeks, suffixe qui fait référence à l’intérêt pour le numérique et les TICE), forment une communauté informelle qui s’est agrégée en France autour de l’été 2011, après de nombreux échanges entre des divers acteurs du numérique au musée. »
Sébastien Magro (2013)
Créé le 1er août 2011 à mon initiative, puis rapidement co-animée par des membres de la communauté museogeek francophone, MuzeoNum est - ou a été - une plateforme de ressources et d'échanges consacrée au numérique au musée. Ce projet avait pour objectifs de :
Fédérer la communauté museogeek francophone (les pros, les futurs pros & les amateurs)
Favoriser les échanges, le partage et la réflexion
Diffuser les bonnes (et nouvelles) pratiques
Être une source d'information et de connaissance
Valoriser les métiers du numérique
MuzeoNum s'articulait principalement autour de trois espaces en ligne : un Wiki (contenus diffusés avec la licence CC BY-SA), un groupe d'échanges Facebook (avec +3000 membres) et un fil de veille Twitter. Muzeonum organisait aussi diverses rencontres IRL pour faciliter les échanges entre les membres de sa communauté de pratique.
« Les Communautés de Pratiques sont des groupes de personnes qui partagent une préoccupation ou une passion pour quelque chose et qui apprennent à le faire mieux en interagissant régulièrement. » Etienne Wenger (2006)
Le projet a été particulièrement actif pendant ces quatre premières années (de 2011 à 2015), avec une belle dynamique qui répondait aux objectifs précisés ci-dessus. Je reste aujourd’hui convaincu que cette initiative a eu une certaine importance dans la première moitié des années 2010. Depuis 2018, le projet est en sommeil. Le 1er Août 2021, j’ai lancé cet appel (entre autres dans Twitter) : “Depuis plus de 3 ans, je ne suis plus du tout actif sur le projet [Muzeonum]… Est-ce que l'un ou l'une d'entre vous souhaiterait reprendre le flambeau ?“. Suite à mon appel, Claire Séguret (actuellement cheffe du service de coordination Internet et réseaux sociaux à la BNF) indiquait : “Sans @MuzeoNum, je ne serais probablement pas là où je suis ! J'ai pu me former, échanger, critiquer, partager des pratiques.” De son coté, Noëmie Roussel (actuellement journaliste culture, responsable éditorial numérique chez France Télévisions - voir Muzeodrome n°55) ajoutait : “J’ai adoré cette période @_omr ! Discuter de mon mémoire sur l’influence du numérique dans les musées avec d’autres #museogeeks, échanger entre passionnés… merci infiniment, j’espère qu’une personne reprendra le flambeau“. A mon sens, l’écosystème muséal francophone a aujourd’hui besoin d’une nouvelle initiative s’appuyant sur les mêmes dynamiques collaboratives que celles de 2011 avec une forme adaptée aux enjeux actuels. Peut-être que celle-ci verra le jour du côté de la nouvelle génération comme le signalent Sophie Tan et Noémie Couillard, c’est tout ce que je souhaite.
Je profite de cette communication pour remercier celles et ceux qui ont co-animé·e·s le projet Muzeodrome : Sébastien Magro, Clélia Dehon, Audrey Defretin, Coline Aunis, Gonzague Gauthier, Hélène Herniou - ainsi que toutes celles et tous ceux qui ont participé à ces échanges fructueux.
3) Et après… 👩🎓⏲️
J’enseigne depuis sept ans dans le Master Musées et Nouveaux Médias (Université Sorbonne Nouvelle, Paris). Ces dernières années, j’ai entre autres travaillé avec des étudiant·e·s de ce master sur leur “ouverture professionnelle”. J’ai eu envie demander à une étudiante de la promotion 2019/2020 de ce master comment s’était déroulé son insertion professionnelle.
Qui es-tu ? Que fais-tu aujourd'hui ?
Je m’appelle Sarah Favre, je suis chargée de communication numérique au macLYON depuis fin 2020. Site internet, réseaux sociaux, mailings et newsletters sont mon quotidien. Même si ma newsletter préférée reste « Muzeodrome » ;) j’essaie de faire le meilleur travail possible pour mettre en valeur l’art contemporain ! Non ce n’est pas du n’importe quoi, que des bananes collées sur les murs et des cacas en boîte : il y a un discours et j’essaie de le montrer de manière ludique au grand public pour lui donner envie de venir voir nos expositions.
Quel est ton parcours universitaire et comment envisageais-tu la suite alors que tu terminais tes études ?
J’ai d’abord fait le 1er cycle de l’École du Louvre en spécialité estampes, puis j’ai fait une licence 3 médiation à la Sorbonne Nouvelle. J’ai enchaîné sur un master Musées et Nouveaux Médias dans la même université et fait mon master 2 en alternance au CMN comme chargée de projet innovation et numérique. Je voulais vite trouver du travail et si possible dans le numérique culturel mais je n’aurais jamais pensé arriver à Lyon dans le musée d’art contemporain dès mon premier poste !
Comment as-tu été soutenu pour plonger dans le monde du travail ?
J’ai eu la chance d’avoir le soutien de Clélia Dehon, enseignante à Paris 3, du célèbre rédacteur de Muzeodrome ;) mais aussi ma géniale équipe au CMN et Omnia Culture. Ils m’ont soutenue et donné les outils pour réussir à trouver un poste même si j’étais junior.
Selon toi, quels sont les mots qui correspondent le mieux à l'univers professionnel des musées ?
Créativité, Découverte et Diplomatie. Il faut savoir faire des concessions pour travailler en bonne intelligence avec tous, intégrer le public et se rappeler que nous avons un rôle social à jouer. Il faut garder du recul tout en étant très impliqué en tant que pro.
Pour terminer, aurais-tu une ressource en ligne peu connue à partager aux lecteurs et lectrices de Muzeodrome ?
Le compte LinkedIn d’Omnia Culture qui donne beaucoup de tips sur l’univers pro culturel
Les replays des interviews de pros sur Twitch d’Amélie Benchallal
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Merci pour votre attention. La suite au prochain numéro….
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A tout soudain,
Omer Pesquer { https://omer.mobi/ }
Ps : Merci à @suprbo pour sa relecture
Ps2 : le titre de ce numéro de Muzeodrome est un fragment des paroles de la chanson “Enola Gay” (1980) du groupe de synthpop britannique Orchestral Manoeuvres in the Dark : “Aha, Enola Gay, it shouldn't ever have to end this way'‘. Pour mémoire, l’avion bombardier avait été nommé ainsi par son pilote Paul Tibbets en hommage à sa propre mère Enola Gay Tibbets. L’avion “Enola Gay” totalement restauré est présenté depuis 2003 aux publics dans le Centre Steven F. Udvar-Hazy, une annexe du National Air and Space Museum (Smithsonian Institution) située en Virginie aux États-Unis.