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Bienvenue dans Muzeodrome, l’infolettre inspirante qui vous plonge dans la créativité des musées et des espaces d’expositions en établissant des ponts entre le passé, le présent et les futurs.
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Ce numéro 105 débute par un anniversaire.
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Guider par les voix 🗣️
Qui fêtera ses 70 ans en 2022 ? Pour vous aiguiller, c’est un dispositif technique mobile dont les messages coulent dans les oreilles.
Je suis certain que vous avez deviné, il s’agit de l’audioguide. Le spécialiste du numérique pour le secteur muséal Loic Tallon connait très bien ce dispositif. En 2009, dans un article intitulé “I’m a celebrity: get me an audio tour“ (Museums Association - UK), il indiquait :
”L'idée derrière l'invention de l'audioguide au Stedelijk Museum d'Amsterdam en 1952 était de rendre accessible à chaque visiteur une visite personnelle avec un expert du musée. Willem Sandberg, le directeur du musée (et donc la voix de l'autorité) faisait la narration.”
Le dispositif d’audioguidage historique figure aujourd’hui dans les collections du musée. En 2006, Loic tallon avait photographié l’appareil au design épuré fabriqué par Philips. En légende d’une de ces photos il signalait que l’appareil n’avait que deux boutons: ”Un pour l'allumer et l'éteindre, et un autre pour contrôler le volume. Aucun autre bouton n'était nécessaire…”. En 2008, il précisait le fonctionnement de l’appareil dans l’introduction de l’ouvrage “Digital technologies and the museum experience” :
“Les conférences ambulatoires étaient diffusées par un système de radiodiffusion à ondes courtes en circuit fermé dans lequel la sortie audio amplifiée d'un magnétophone à lecture analogique servait de station de diffusion, et la transmission se faisait par une antenne en boucle fixée autour d’une ou plusieurs galeries. Des conférences identiques en néerlandais, français, anglais et allemand étaient enregistrées sur des bandes magnétiques, diffusées à tour de rôle par l'antenne, et captées par les visiteurs au moyen d'un récepteur radio portable muni d'écouteurs, lorsqu'ils se trouvaient à l'intérieur de la boucle. “
Cette prouesse technologique ne répondait pourtant pas complètement aux ambitions des concepteurs du projet qui étaient de donner une véritable expérience personnalisée à chaque visiteur.
La mort de l’audioguide est régulièrement annoncée. Pourtant, il demeure une des médiations in situ principales des musées. Ces compagnons de visites ont continuellement évolué et ils sont aujourd’hui souvent intégrés dans des applications numériques pour proposer des expériences plus personnalisées. Ces expériences ressemblent-elles à celles que les concepteurs du dispositif avaient imaginé en 1952 ?
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Sans coder 👨💻
Xavier Adraste a fondé Patrimoine Studio après avoir été 3 ans chef de projet tourisme numérique au sein de l’agence OHRIZON (où il avait mis en place des outils de médiation numérique). Il a aussi une casquette de formateur en écoles supérieures. Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui c’est qu’il expérimente le no-code.
Xavier, peux-tu nous préciser en quoi consiste le no-code et le low-code ?
Le no-code, est une forme de programmation qui est visuelle. Il permet à des profils non développeurs de réaliser des dispositifs numériques, sites web, app, etc. Ça permet de mettre en place des outils rapidement, de tester des idées, d’être autonome, en somme plein d’avantages !
Le no-code n’est pas nouveau, pensez donc à Dreamweaver dans les années 90’s ! Mais le confinement de mars 2020 a eu un énorme impact dans son développement car il fallait trouver vite des solutions agiles et rapides.
Le low-code, lui, désigne un mode de développement, avec peu de code, pour personnaliser beaucoup plus les dispositifs.
Peux-tu nous en dire plus sur les expériences que tu as menées avec les étudiants du Master 2 Politiques de médiation socioculturelle de IESA art & culture en janvier 2022 ?
On a passé deux jours de résidence numérique au sein du Prieuré Saint-Côsme, demeure de Ronsard. L’objectif était de les former au no-code tout en travaillant sur des sujets concrets. On a regroupé les idées et travaillé la pertinence des propositions pour aboutir à des pistes de dispositifs.
Puis, on a conçu et réalisé les outils, comme une expérience 360 à destination des publics en situation de handicap moteur, une webapp audioguide accessible via un QR code, un jeu sur tablette, etc.
Je dois reconnaître qu’au début, les étudiant·e·s se demandaient ce qui allait en sortir ! Bravo à eux ! Je les ai guidés pour partir sur les bons outils, car on peut perdre beaucoup de temps sur ce sujet.
Le no-code est idéal pour prototyper rapidement des dispositifs, mais on peut aussi se projeter dans la durée, le contexte a changé, les outils sont mûrs et stables maintenant.
Je pense que les profils de médiation pourraient tout à fait prendre ce type d’outils en main, à condition, selon moi, d’y insuffler une culture maker en parallèle. (collaboration, apprentissages permanents, droit à l’erreur, etc.)
Quelques plateformes no-code ?
- Dans les françaises : pandasuite et goodbarber
- Dans les américaines : glide, adalo et bubble
- Dans les outils d'automatisation : zapier
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La photographie la plus vue au monde ? 🖼️
Ce vendredi du mois de janvier 1996, le photographe Charles O'Rear se déplace dans son véhicule automobile sur une route au nord de la baie de San Francisco (Californie). Depuis plus de 15 ans, il habite la Napa Valley où il développe sa passion pour la photographie viticole. Le photographe est aux aguets. Il sait qu’en cette saison, après de longues averses, l’herbe peut-être extrêmement photogénique. Subjugué par une colline verdoyante pourtant dépourvue de vignobles (probablement décimés quelques années auparavant par le phylloxéra), il arrête son véhicule et pense:
“L'herbe est parfaite, elle est verte ! Le soleil est de sortie. Il y a quelques nuages” Charles O'Rear (dans un entretien vidéo)
Avec son Mamiya RZ67, il prend en photo le paysage avant que la magie disparaisse, puis il reprend sa route. A la fin des années 90, Microsoft achète la photographie de la colline verdoyante et la nomme “Bliss” (Félicité) avec pour objectif d’incorporer celle-ci dans son prochain système d’exploitation.
Sorti le 25 octobre 2001 et diffusé pendant une dizaine d’années dans tous les coins du globe, Windows XP est un énorme succès avec plusieurs centaines de millions d’exemplaires distribués. ”Bliss” est le fond d’écran par défaut du système. La colline verdoyante demeure dans beaucoup écrans et fait partie du décors des bureaux, vue et revue chaque jour.
La photographie de Charles O'Rear pourrait ainsi avoir été la plus vue au monde pendant la première décennie du 21è siècle. Devenue une image iconique, elle a été l’objet de nombreux détournements et de plusieurs reconductions (voir le projet “After Microsoft“ élaborées en 2007 par le duo d’artistes suédois Goldin+Senneby ou sa recréation par Andrew Levitt en 2021).
En ce début d’année 2022, “Bliss” est une nouvelle fois remise en lumière. Pour ses 20 ans, l’Institut national d'histoire de l'art (INHA) propose de revenir sur 20 objets visuels des 20 dernières années. Ces 20 objets sont analysés et commentés par 20 historiens de l’art dans de courtes vidéos publiées au fil des semaines. Le 2 février 2022, Pierre Wat analysait le fond d’écran Windows XP.
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Vous les avez peut-être ratées, Muzeodrome a compilé ces informations et ressources pour vous :
"Plus il y a une complexité de détails, plus cela m’amuse. C’est ce qui fera la beauté du dessin". Après le Musée Cognacq-Jay (voir le n°94 de l’infolettre), la dessinatrice Christelle Tea a arpenté les salles du musée de Cluny alors que ses collections sont en pleine réinstallation (le musée devrait bientôt rouvrir ses portes après plusieurs mois de travaux). Au cours de cinq sessions de travail, la dessinatrice a réalisé une vingtaine de dessins - dessins à découvrir progressivement du coté des réseaux socionumériques du musée.
“Explorez la vie et l’œuvre de l’un des artistes les plus influents du XXe siècle” - L’Association Marcel Duchamp, le Philadelphia Museum of Art et le Centre Pompidou se sont associés pour lancer duchamparchives.org : un site portail (de recherche) en ligne inédit consacré à Marcel Duchamp (1887-1968).
“musé·e·s” est une “association de jeunes professionnelles engagées pour des musées inclusifs, féministes et intersectionnels”. Son Objectif : “sensibiliser aux problématiques féministes et valoriser les initiatives existantes dans la sphère muséale”. Direction son site web pour découvrir ses projet en cours, dont un ouvrage collectif : associationmusees.wordpress.com
Si vous avez raté le mini-reportage de France 2 sur les “influenceurs culture” - en voici un replay.
Le métavers c’est vraiment vieux truc, et c’est Keanu Reeves qui le dit. Pour en connaître plus sur l’histoire déjà longue des métavers (et des imaginaires associés à ceux-ci), je vous invite à lire l’article de Laurence Allard dans AOC (accès payant) : “Métavers incorporated“. Je profite de cette brève pour passer un bonjour amical à tous les anciens bimondiens qui lisent l’infolettre.
Le Centre Pompidou, qui est et restera plus jeune que le rédacteur de Muzeodrome, vient de fêter ces 45 ans. Le centre culturel parisien ouvrait ses portes le 31 janvier 1977.
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Voila, c’est déjà la fin du numéro 105.
Merci pour votre attention, je suis Omer Pesquer, consultant spécialiste des technologies et des usages associés au numérique.
La suite au prochain numéro - à tout soudain,
o m e r
P.S. : Merci à @dr_kouk pour sa relecture.