Habiter avec quelques créatures étranges

Muzeodrome #142

Salut à toutes et tous,

🖖 Bienvenue dans Muzeodrome, l’infolettre et le site qui vous plongent dans les numériques et la créativité des musées et des espaces d’expositions en établissant des ponts entre le passé, le présent et les futurs.

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“C'est une maison bleue
Adossée à la colline
On y vient à pied, on ne frappe pas
Ceux qui vivent là, ont jeté la clé”
Maxime Le Forestier - San Francisco

👉 Q : Monsieur Muzeodrome, quel est votre programme pour demain ?
R : Habiter le monde autrement avec quelques créatures étranges !

👀 Mon habitat idéal c’est… - Maison imaginée par Saul (8 ans et demi).

▙

Que faire en ce lieu ? 🏠🌳🤔

Comment habiter le monde autrement ?

“Architecturestudio mène une réflexion autour des enjeux de la création architecturale face aux grands défis environnementaux, économiques et sociaux. Intitulée Tracé Bleu, leur méthode appelle à ménager les écosystèmes, recomposer les friches, investir dans les communs, gouverner avec le vivant, construire dans la sobriété.” Extrait du dossier de presse de l’exposition Tracé bleu

Pour prolonger le Tracé bleu, l’Agence d’architecture et d’urbanisme internationale Architecturestudio et le CentQuatre-Paris ont imaginé ensemble une exposition. Une première version de cette exposition d’art et d’architecture avait été montrée lors de la 18e Biennale d’architecture de Venise en 2023. Une seconde version est présentée en accès libre au CentQuatre, du 27 janvier au 10 mars 2024, avant une itinérance internationale.

”Que faire en ce lieu, à moins que l’on y songe ? Paraphrasant Jean de La Fontaine, l’exposition invite à faire un pas de côté et considérer ce qui nous entoure non plus comme simplement des ressources, mais comme un immense gisement créatif.”
Extrait du dossier de presse de l’exposition Tracé bleu

Découpée en quatre thématiques principales (état de siège, re.sourcer, ré.générer, ré.agir), l’exposition fait appel aux travaux et imaginaires de plusieurs artistes de différents domaines. Outre les projets de l’agence Architecturestudio et les nombreux drôles de dessins de Serge Bloch, j’ai particulièrement apprécié trois œuvres de cette exposition :

• L’architecture modulaire bleue de Krijn de Koning, avec ses ouvertures et ses blocs de différentes tailles, qui fait office de corridor d’entrée dans l’exposition.

• Habiter demain - un mur avec un dispositif numérique générateur d’histoires imaginé par Studio Double à partir de textes écrits par Valérie Mréjen (voir notule ci-dessous)

• Slow Violence - un film de l’artiste visuel et activiste climatique Joanie Lemercier. “La forêt de Hambach, en Allemagne, ne fait aujourd'hui plus qu'un dixième de sa taille d'origine. Le reste a été défriché pour laisser place à la plus grande mine de charbon d'Europe“. Première source de gaz à effet de serre de toute l'Europe selon l'ONG 350.org, cette mine ne cesse de s’étendre entraînant la destruction de villages entiers. Joanie Lemercier a rejoint des manifestants et des militants pour montrer ce qui s’y trame. Composé de sidérantes vues de drone, ce film coup de poing souligne l’urgence climatique. Pour comprendre la démarche actuelle du Studio Lemercier, je vous invite à visionner la vidéo d’une conférence effectuée fin 2023 par Juliette Bibasse et Joanie Lemercier au Mudac de Lausanne.

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Mon habitat idéal c’est... 🏠🌿⁉️

“Habiter demain” ou “Mon habitat idéal c’est“ est une installation présentée dans le cadre de l’exposition Tracé bleu installée au début de l’année 2024 au CentQuatre-Paris (voir notule ci-dessus).

Conçue par Studio Double à partir de textes écrits par Valérie Mréjen, cette installation se compose tout d’abord d’un mur où sont affichés des fragments de textes.

[Toucher l’écran pour démarrer]

Inséré en bas du mur, un dispositif numérique qui, par choix successifs sur un écran tactile, permet à la personne qui l’expérimente de composer, à base de choix prédéterminés, une histoire autour de son habitat idéal dans le futur - celui où la personne souhaiterait vivre dans 5, 10, 20 ou 50 ans. Après neuf étapes, l’histoire est totalement composée et une fiche cartonnée A6 sort de la machine. Au recto le nom du dispositif ainsi que les parties prenantes, au verso l’histoire obtenue.

Ici pas de génération automatique avec une IA, l’histoire est un assemblage de briques de textes pré-écrits (ceux affichés sur le mur et d’autres). L’histoire finale peut d’ailleurs proposer certaines dissonances par rapport aux motivations de la personne qui a actionnée le dispositif. Toutefois, il y a une grande satisfaction à repartir de l’exposition avec une fiche qui présente une histoire imprimée basée sur ses propres choix.

Le jour de ma visite, la fiche que j’ai générée avait pour titre : “Le long du littoral avec quelques créatures étranges“. Je vous en propose deux extraits :

”Ce sera labyrinthique avec beaucoup de recoins pour avoir l'impression de se perdre un peu chez soi, se laisser distraire en chemin et oublier ce qu'on était venu chercher.”

”J'hébergerai des personnages hauts en couleur, des créatures fantasques, quelques doux dingues chers à mon cœur. Il y aura des shows improvisés et table ouverte tous les soirs. Sérieux s'abstenir.”

Note : pour la petite histoire, Studio Double a aussi conçu l’identité visuelle du Bureau des Méthodes (voir dans le n°138 de l’infolettre).

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Vraiment très longue 🌐⸻⸻🖥️

Un roman de 200 pages contient en moyenne 50·000 à 60·000 mots.

D’après vous, combien de mots doit idéalement contenir une page Web ?
Et combien de mots sont présents dans une très longue page web ?
2·000, 3·000, 5.000 ou plus encore ?

Dans cette notule, je vous emmène à la découverte du site Web d’un musée qui propose de très très longues pages.

“Le Musée Boijmans Van Beuningen considère la recherche dans ses collections et sa propre histoire comme l'une de ses tâches principales.”

Dans la section “research” de la rubrique “collections“ du site Web du musée Boijmans Van Beuningen (Rotterdam, Pays-Bas) figurent au moins cinq très longues pages de plus de 10.000 mots chacune. La page “A dream collection - Surrealism in Museum Boijmans Van Beuningen” contient à elle seule plus de 26·000 mots, soit un contenu équivalent à 100 pages d’un roman !

Les experts du référencement Web recommandent souvent d’avoir un contenu avec un assez grand nombre de mots pour être correctement positionné dans la première page des résultats des moteurs de recherche - 2·000 mots est le nombre qui est régulièrement cité. Un nombre qui se base sur l’étude réalisée en 2012 par SerpIQ - étude qui accompagnait le développement du journalisme longue forme en ligne.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Selon l’étude proposée en 2021 par embryo (UK), il faudrait encore un peu plus de mots par page Web pour que celle-ci soit bien référencée, surtout pour les recherches effectuées avec un seul mot clé.

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Lu, vu, entendu ⚡⚡⚡

Vous les avez peut-être ratées, Muzeodrome a compilé ces informations et ressources pour vous :

Médiation | “Les actus de la médiation“, l’infolettre mensuelle de Rachel CHENU qui a pour objectif, comme son titre l’indique, de partager des actualités en médiation culturelle (dans une forme ultra-brève) présente déjà 70 éditions.

NI | Du 16 février au 28 avril 2024, le centre d’art flottant Fluctuart invite la pionnière de l’art urbain Tania Mouraud (82 ans) pour une exposition personnelle intitulée “Dans les vents de l’oubli”. En parallèle, les éditions Alternatives publient un ouvrage consacré à l’artiste et rappellent dans une publication en ligne l’action déployée par Tania Mouraud sur 54 panneaux publicitaires parisiens en 1977 : “Au feu rouge, vous levez machinalement les yeux vers l’immense encart publicitaire qui vous donne de temps à autre une idée de repas rapide et facile pour le soir. Mais en lieu et place d’un poulet en promotion se dessine devant vos yeux un immense “NI” noir sur blanc, de trois mètres sur quatre.“

Paris sauvage | Dans le numéro 117 de l’infolettre, je vous parlais des renards vivants dans le cimetière du Père Lachaise. Saviez-vous que “Paris est riche de près de 2800 espèces sauvages, animales et végétales…” ? Depuis juillet 2020, dans chaque épisode du podcast «Brèves de nature sauvage», les naturalistes de la Ville de Paris racontent l'histoire d'un animal sauvage vivant à Paris. Plus de 40 épisodes diffusés à ce jour - le dernier en octobre 2022 (saison 3). Une nouvelle saison est-elle envisagée en 2024?

Les archives de Fred | L’espace Nouveaux médias du Centre Pompidou présente du 24 janvier au 22 juillet 2024 une exposition consacré à Fred Forest. L’exposition présente des documents d’archives de l'“homme-réseaux” et une place non négligeable dans celle-ci est dédiée à 6 postes de consultation donnant accès aux archives en ligne de l’artiste. Archives que vous pouvez consulter à cette adresse :
fred-forest-archives.com/fr

D’autres cannibales | Les pratiques anthropophagiques occidentales restent assez méconnues. Suite à la lecture du roman Holly de Stephen King, l’impeccable infolettre ABSOLUMENT TOUT propose une copieuse édition “où l'on découvre que l'auto-dévoration est mieux partagée qu'on ne pourrait le croire”!

Muzeodrome | Le site web de Muzeodrome continue d’évoluer avec une nouvelle version de sa page d’accueil et plus de contenus. Chaque jour, les contenus d’un ancien numéro de l’infolettre vient s’ajouter au site sous la forme de 2 à 4 articles. Bonnes (re)découvertes.

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Voila, c’est déjà la fin de ce numéro 142 ! Avant de partir, n’oubliez pas de donner votre avis - au travers d’un message, d’un commentaire💬 ou d’un simple appui sur le💜.
La suite dans le prochain numéro - à tout soudain,
o m e r

Je suis Omer Pesquer, consultant indépendant “inventivité & {autres} numériques”. J’accompagne les organisations culturelles dans leurs déploiements numériques pour stimuler et prolonger leurs rencontres avec leurs publics.

P.S.: Merci à Michel Kouklia pour la relecture de ce numéro !
P.S.2: Ce numéro 142 de l’infolettre est composé de moins de 2·000 mots ;-)