Salut à tou·te·s,
Bienvenue dans Muzeodrome, l’infolettre inspirante qui vous plonge dans la créativité des musées et des espaces d’expositions.
Voici plusieurs choses qui valent la peine d'être partagées avec vous cette semaine :
1) Merci de ne pas toucher 🖼️👈
Vous le savez, les interdictions dans les musées sont un de mes sujets d’intérêt. Conçue et animée par Hortense Belhôte, la websérie de dix micro-documentaires d’Arte “Merci de ne pas toucher !” a tout de suite attiré mon attention.
“C’est dans une laverie ou sur un terrain de foot qu’Hortense, prof d’histoire de l’art atypique, explique quelques-uns des « chefs d’œuvre » de la peinture classique européenne et en dévoile la puissance érotique.”
Cheveux rasés, Hortense Belhôte se présente ainsi dans son profil LinkedIn : “comédienne, auteur, prof d'histoire de l'art, documentariste, roule pour la danse contemporaine et chante du sweet punk”. Avec une énergie jouissive, elle propose ici “une relecture sensuelle et subversive de toiles de maître”.
“Les « grands maîtres » n’ont qu’à bien se tenir car ici on touche à tout, le quotidien devient un musée vivant et le passé s’incarne dans les corps d’aujourd’hui.”
Je vous laisse découvrir cette websérie très rythmée et remplie de savoureux clins d’œil (dans l’épisode “Vilain petit canard”, aux youtubeurs et aux praticiens de l’ASMR).
Deux petits regrets toutefois : les dix chefs-d’œuvre sélectionnés sont tous antérieurs au XXe siècle et aucune œuvre n’est la création d’une femme artiste. J’espère que les prochaines saisons de “Merci de ne pas toucher !” iront explorer ces zones artistiques…
Pour terminer cette notule, un petit jeu - devinerez-vous les chefs d’œuvre qui se cachent derrière les savoureux titres des épisodes ?
“Aphrodite's child // Gazons // Appelons un chat // Bifidus passif // Dirty Diana // Programme mixte // Touch me // Vilain petit canard // Vitamine Q // Young man”
Note : “Pourtant, vu sous un autre angle”, le titre de ce numéro, est extrait du texte d’introduction de l’épisode “Aphrodite's child”.
/via un échange avec @jaimelesmuses
2) Déjà 20 ans de Wikipédia 🌍🌐
Le 15 janvier 2001, quelques jours après le début du XXIe siècle, naissait Wikipédia, l’encyclopédie participative créée par Jimmy Wales et Larry Sanger. Pour marquer cet anniversaire, Rémi Mathis (président de Wikimédia France de 2011 à 2014) vient de publier : “Wikipédia : dans les coulisses de la plus grande encyclopédie du monde” chez First.
Rémi Mathis, qui es-tu ?
Wikipédien depuis plus de 15 ans, contributeur ordinaire, je me suis aussi impliqué dans la structure française, Wikimedia France, dont j’ai été président pendant 4 ans. J’y ai professionnalisé le fonctionnement, passant de 1 à une dizaine de salariés, et à un budget d’un million d’euros. J’ai ouvert Wikipédia sur la société, notamment le monde culturel (partenariat avec les Archives nationales, le musée de Cluny, le Centre Pompidou…). Dans la vie, je suis conservateur à la Bibliothèque nationale de France, historien spécialiste de l’histoire du livre et de l’estampe. C’est avec cette triple casquette de wikipédien ordinaire, d’ancien dirigeant et d’historien que j’ai écrit ce livre.
Quel est ton regard rétrospectif sur 20 ans de Wikipédia ?
Penses-tu comme l'indique le titre de l'ouvrage collectif de Frédéric Kaplan et Nicolas Nova que son existence tient du miracle ?
Wikipédia a révolutionné l’accès à la connaissance au sein du grand public. Plus encore avec les smartphones, tout le monde a désormais la possibilité de se renseigner sur un sujet, aussi obscur soit-il, ou de vérifier un fait, en quelques secondes, sur un site raisonnablement fiable. Le fait que ce service soit proposé de manière pérenne par un site bénévole, non-commercial et libre est en effet une originalité dans l’Internet d’aujourd’hui.
Comment vois-tu la relation de Wikimédia avec les musées?
Elle a beaucoup progressé depuis la fin des années 2000 : librement diffuser ses métadonnées et sa numérisation est devenu presque banal de nos jours et les partenariats sont très fréquents. Mais la France demeure toutefois à la traîne, notamment à cause du point noir majeur qu’est la RMN et donc la diffusion des images des musées nationaux, toujours entravée sans réelle raison stratégique.
Quel est le musée qui a selon toi la plus belle présence dans Wikipédia, et pourquoi?
Chaque partenariat, chaque libération de contenu a sa pertinence et dépend à la fois des possibilités pratique et d’une stratégie. J’avais beaucoup aimé le projet des tout petits musées de la Haute-Saône, qui montrent que de telles actions ne sont pas réservées aux plus grands musées du monde disposant d’un personnel spécialisé.
Il existe une version en “anglais simple” de Wikipédia. Pour faciliter l'accès à la culture francophone, une version facile à lire et à comprendre (FALC) en français serait un plus non ?
Cela pose la question fondamentale de l’identité et des compétences du lectorat, sur laquelle Wikipédia se penche peu. Plus qu’une Wikipédia à part, c’est plutôt une attention aux attentes des lecteurs qui est fondamentale, et notamment une capacité à résumer dans une introduction accessible à tous des contenus parfois trop complexes.
Pour en revenir à ton livre, aurais-tu une anecdote inspirante sur les coulisses de la plus grande encyclopédie du monde ?
Pas une anecdote, mais un fait souvent oublié : avant d’être un site Internet, Wikipédia est une œuvre écrite… et même l’œuvre littéraire la plus lue de notre siècle. Et cette œuvre qui fonde une communauté de pratique autour du monde, dans tous les pays et toutes les langues, a été écrite par des volontaires, de manière gratuite. À une époque où le pessimisme règne, je trouve cela très beau !
Note : Wikimedia Foundation, Inc. est “une organisation à but non lucratif […] chargée de centraliser certains aspects administratifs du mouvement Wikimédia dans sa globalité”. “Wikimédia France, est […] une association à but non lucratif, fondée en 2004 qui a pour but de soutenir la diffusion libre de la connaissance, principalement via des projets hébergés par la Wikimedia Foundation, surtout active en France.”
3) Extérieur musée 🌿🌳
En France, les musées sont maintenant fermés depuis plus de 4 mois. Face à cette situation, quelques établissements font le pari d’une ouverture de leurs espaces extérieurs.
Depuis le samedi 16 janvier 2021, le Musée Rodin (Paris) accueille à nouveau des publics dans son jardin de sculptures. “Les chefs-d’œuvre de l’artiste et les espaces du jardin se révèlent à vous au fil de la promenade”.
Depuis le samedi 20 février 2021, les Abattoirs (Toulouse) ont ouvert leurs cours. Du mercredi au dimanche, les visiteurs et visiteuses peuvent ainsi découvrir dans ses espaces extérieurs des œuvres des artistes Joël Andrianomearisoa, Mélodie Bajot, Microclimax, Franck Scurti, Jessica Stockholder, Franz West et Raphaël Zarka. Ainsi que plusieurs œuvres de Fernand Léger dont l’exposition temporaire “tapisseries et céramique” était prévue du 16 décembre 2020 au 21 mars 2021 dans les murs du musée.
Ces ouvertures sont aussi une occasion de parler des musées de plein air comme “Le Musée sans Murs” de Font-Romeu (Pyrénées-Orientales). Musée qui a ouvert ses sentiers en 2008 et qui présente aujourd’hui une quarantaine d’œuvres. “La balade de 1,5-2 kilomètres est étonnante, et inspirante. De plus, elle offre des vues extraordinaires sur la chaîne pyrénéenne’’ (Frédérique Berlic dans son article pour l’Indépendant, 26/02/2021).
La crise sanitaire qui perdure va-t-elle mettre plus en valeur les espaces extérieurs des musées et permettre l’ouverture de nouveaux musées en plein air. Nous le saurons dans les prochains mois…
Note : Le Musée Rodin et les Abattoirs proposent tous les deux des médiations numériques au travers de QR codes.
/via @suprbo (pour le Musée Rodin)
4) Flashs et retours ⚡🌐
Vous les avez peut-être ratées, Muzeodrome a compilé ces informations pour vous :
Karl Pineau (voir Muzeodrome n°51) publie une remarquable étude sur la responsabilité numérique des musées français. On en reparle bientôt ici même.
Maintes fois annoncé, le “Musée Serge Gainsbourg” devrait ouvrir fin 2021 (ou un peu plus tard) au 5 bis rue de Verneuil à Paris.
Vous cherchez une introduction à l’open data (et à l’open content) - Marie Huber (alias @MarieMusees ) vous en propose une avec “5 questions pour comprendre l'open data dans les musées” (article publié par le magazine du Master Expographie Muséographie de l’Université d’Artois).
Une infolettre hebdomadaire à découvrir : “Et toi, tu vois quoi ?” de Sophie L (alias @Queen_Asenath).
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A tout soudain,
Omer Pesquer { https://omer.mobi/ }
Ps : Merci à @dr_kouk pour sa relecture de ce numéro et des précédents.