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Face à l’actualité anxiogène, ce numéro 106 débute par une “grande dose d'œuvres d'art pétillantes”.
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L'art est l'antidote 💊
“Je ne sais pas comment sera la troisième guerre mondiale, mais ce dont je suis sûr, c´est que la quatrième guerre mondiale se résoudra à coups de bâtons et de silex.”
Reformulation d’un échange avec Albert Einstein datant de 1947.
Comment penser à autre chose alors que l’actualité semble nous indiquer que nous pourrions sombrer dans le gouffre d’une guerre mondiale ? Je me posais cette question quand, suite à un message d’un ami, je me retrouve à explorer les dernières publications d’un compte Instagram animé par deux hollandaises passionnées par les musées (le compte @dutchgirlsinmuseums de Danielle Lakeman et Iris Zaagman). J’y découvre, grâce à la fée sérendipité, une exposition pleine de couleurs présentée du 26 janvier au 23 octobre 2022 au Musée Voorlinden. Il est probable que comme moi vous ne connaissiez pas encore ce musée hollandais d'art moderne et contemporain qui “relie les personnes, l'art, la nature et l'architecture”. Situé dans la commune de Wassenaar au nord-est de La Haye et inauguré en septembre 2016, ce musée a été fondé par l’industriel et collectionneur d'art néerlandais Joop N.A. van Caldenborgh. Avec l’exposition “Art is the Antidote“ (L'art est l'antidote), sa directrice, Suzanne Swarts, souhaite montrer, en reprenant le titre d'une œuvre-slogan de Bob et Roberta Smith, que l’art est un générateur d’énergie positive .
“Les deux dernières années de confinements et de restrictions ont pesé lourdement sur notre société. Un durcissement s'opère, les divisions s'accentuent et le flot de désinformation s'amplifie… Le musée Voorlinden offre l'antidote ultime avec son exposition “L'art est l'antidote”… Avec une grande dose d'œuvres d'art pétillantes, socialement engagées et drôles issues de sa propre collection, le musée fait office de station de recharge, un lieu où vous pouvez renforcer votre résistance.”
Dans la situation géopolitique actuelle, penser que l’art est l’antidote peut sembler bien naïf, mais laissez-moi y croire. Je vous invite donc à gouter à la visite vidéo express de “Art is the Antidote“ proposée par les dynamiques @dutchgirlsinmuseums.
/Merci à Patrice Aoust
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musé·e·s ♀️
musé·e·s, association de jeunes professionnelles engagées pour des musées inclusifs, féministes et intersectionnels, est très active autour du financement participatif de son premier ouvrage collectif : “Guide pour un musée féministe“.
J’ai questionné l’association à ce sujet.
Pourquoi musé·e·s ?
musé·e·s est née d’un constat : il n’existe pas en France de support référençant les initiatives féministes dans le monde muséal. C’est pour cette raison que nous avons créé l’association, dans le but de pallier ce manque en éditant un ouvrage qui rendrait compte de l’état de la recherche et des démarches existantes.
Concernant le choix du nom, musé·e·s, employer le pluriel permet d’évoquer l’énorme variété des lieux muséaux : quels que soit leur thématique, la taille de la structure, l’emplacement géographique, le type de gestion... La majuscule est supprimée dans un souci de décloisonnement, de simplicité et de modestie. Enfin, en l'associant au point médian de l’écriture inclusive, nous combinons l’univers muséal à la lutte féministe.
Pourriez-vous nous en dire plus sur l'ouvrage collectif que vous lancez actuellement avec une campagne de financement participatif 🔗 ?
Notre “Guide pour un musée féministe” comprendra 23 articles, répartis en 3 parties:
Un panorama des recherches sur le sujet : ce dont nous avons besoin pour prendre de la hauteur, aiguiser notre regard avec des outils théoriques et recevoir des informations pertinentes grâce à l’observation de terrain.
La parole sera donnée à celles et ceux qui au cœur de leur vie professionnelle ont mis en place des initiatives inspirantes. Cette partie offrira un point de départ, de repère, démontrant que l’utopie peut devenir réalité grâce à leurs expériences.
Témoignages de militant·e·s et/ou usager·ère·s : leurs rêves, leurs colères, leurs envies.
Les questions de représentations dans les espaces d’exposition, autant que celles d’acquisition de collections, de communication mais aussi de conditions de travail seront abordées. Tous types de musées et de tailles de structures seront représentés.
Pour composer notre sommaire, nous avons écumé le web et réalisé une 1ère phase importante de recherche bibliographique. Afin de compléter ce travail de repérage, nous avons lancé un appel à contribution sur nos réseaux sociaux.
Envisagez-vous d'autres projets dans un avenir plus lointain ?
L’association a vraiment été créée dans ce 1er objectif de publication d’un ouvrage collectif. Pour l’instant nous nous concentrons donc sur son autoédition et sa diffusion, et c’est un objectif qui nous mobilise beaucoup. Mais nous aimerions explorer d’autres formats à l’avenir !
Une ressource à recommander aux lectrices et lecteurs de Muzeodrome ?
Allez lire les carnets de recherche d'Eva Belgherbi et Marion Cazaux ! Vous y trouverez des points de vue critique d’expositions, des résumés de journées d’étude et de table-rondes. Deux articles ont retenu tout particulièrement notre intérêt :
Des expositions sur les artistes femmes ou des expositions féministes ? - Par Marion Cazaux.
Victime de la mode – chronique d’un sujet dit “à la mode” - Par Eva Belgherbi
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Le web est de retour ! 🤩
En août 2010, le magazine états-unien Wired déclarait en gros caractères sur sa couverture que le “The Web is Dead.” (un message sans nuance se terminant par un point). Le titre de l’édito du magazine précisait : “Le Web est mort. Longue vie à l'Internet” :
“Deux décennies après sa naissance, le World Wide Web est en déclin, car des services plus simples et plus élégants - pensez aux applications - permettent de chercher moins et d'obtenir plus. Chris Anderson explique comment ce nouveau paradigme reflète le cours inévitable du capitalisme. Et Michael Wolff explique pourquoi la nouvelle race de titans des médias délaisse le Web pour des pâturages plus prometteurs (et plus rentables)”. Wired - Aout 2010
Par la suite, Wired est revenu plusieurs fois sur ce titre volontairement choquant. Pour ma part, je ne serais pas étonné d’une contre-attaque créative du web dans les mois à venir, celle-ci a d’ailleurs déjà commencé.
Les musées proposent ainsi dans leur sites web de nouveaux espaces pour des contenus spécifiques : magazines ou hubs de contenus multimédias. Dans ceux-ci, on trouve des formes multiples de contenus qui s’écartent de ceux des réseaux socionumériques : micro-sites interactifs, articles fouillés, séries de podcasts, vidéos de plus de cinq minutes. Des formes qui prolongent les liens entre les institutions et leurs publics.
Quelques exemples :
Du coté des États-Unis, les magazines web du MoMA (lancé en juin 2019) ou du Metropolitan Museum of Art (Perspectives - lancé en juillet 2021).
Le Louvre Plus (lancé en décembre 2021) qui présente de façon claire et classifiée l’offre multimédia du musée : vidéos, podcasts et visites virtuelles.
Le magazine web du Centre Pompidou (lancé avec le nouveau site de l’institution en novembre 2020).
Palm, le nouveau magazine en ligne bilingue du Jeu de Paume (lancé en septembre 2021).
Le Jeu de Paume a été un précurseur en la matière avec son précédent magazine en ligne (aujourd’hui archivé par l’institution). A partir du dernier trimestre 2009, avec Laurent Meszaros (bureau de design graphique wa75), nous avions eu le grand plaisir d’accompagner le centre d’art dans la conception et la réalisation de ce media modulaire hébergeant des formats multiples (articles, entretiens, carnets, blogs invités…). Au fil des années, le projet avait continué d'évoluer sur les solides bases que nous avions mises en place. Il a été actif de fin avril 2010 à fin décembre 2020.
Si les exemples mentionnés ci-dessus sont ceux de grandes institutions, des espaces de contenus spécifiques peuvent être mis en place dans les sites web de n’importe quelle institution, quelle que soit leur taille. De plus ces espaces web spécifiques s’articulent très bien avec d’autres formes médiatiques comme les infolettres.
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Métavers ? 🌐
Pour son inventeur Tim Berners-Lee, le World Wide Web était plus une création sociale que technique qui proposait un espace d'information et de communication universel.
“Le Web 1.0 avait pour but de connecter les gens. C'était un espace interactif, et je pense que le Web 2.0 est bien sûr qu’un élément de jargon, personne ne sait même ce que cela signifie. Si, pour vous, le Web 2.0, ce sont les blogs et les wikis, alors il s'agit de relations entre personnes. Mais c'est ce que le Web était censé être depuis le début.” Tim Berners-Lee (en 2006)
En ce début d’année 2022, Le Web3 et Métavers sont devenus des “buzzwords”. Et je commence à lire ici et là que les musées vont bientôt s’installer dans le métavers. Alors que les définitions du Métavers demeurent souvent très floues, un élément constitutif de celui-ci est rarement souligné. Cet élément est clairement indiqué dans la définition du “Metaverse” présentée par la version anglaise de Wikipédia (consultée le 27 février 2022) :
“Un métavers est un réseau de mondes virtuels en 3D axé sur la connexion sociale. Dans le futurisme et la science-fiction, il est souvent décrit comme une itération hypothétique d'Internet en tant que monde virtuel unique et universel, facilité par l'utilisation de casques de réalité virtuelle et augmentée” (Wikipedia EN)
Dans la science-fiction, les mondes virtuels ou simulés ont été explorés au moins depuis les années 60 ; par exemple dans de nombreux textes de Philip K. Dick et dans le roman Simulacron 3 de l’auteur états-uniens Daniel F. Galouye publié en 1964 (Lire à ce propos l’excellent billet de blog de Jean-Noël Lafargue). Quant au mot-valise métavers il a été inventé en 1992 en réaction aux termes existants par l’auteur de science-fiction Neal Stephenson dans son roman Snow Crash (en France “Le Samouraï virtuel“). Dans ce roman c’est le Global Multimedia Protocol Group qui est en charge d’administrer le monde virtuel unique. Pour que le métavers existe un jour, il faudrait une convergence technologique encore plus forte qu’elle ne l’est aujourd’hui avec le déploiement d’une énorme puissance de calcul (ce qui va à l’encontre des actions à mener pour réduire la consommation énergétique du secteur du numérique) et une interopérabilité totale des plateformes pour proposer un espace social universel.
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Vous les avez peut-être ratées, Muzeodrome a compilé ces informations et ressources pour vous :
Pour prolonger la première notule du n°105 de l’infolettre, je propose de vous diriger vers l’excellent blog Exposcope qui a consacré plusieurs articles à l’audioguide.
En ce début d’année 2022, le Museu da Cidade Porto (Musée de la ville de Porto - Portugal) a présenté dans les rues de la ville une affiche très graphique pour le lancement de son nouveau site web.
Juliette Tissot-Vidal et Thibault Prioul viennent de lancer #CMculture. Une initiative qui propose des rencontres entre les community managers (CM) des institutions culturelles. #CMculture m’indique que “toutes les personnes intéressées par la question des réseaux sociaux et l'envie d'échanger sur nos problématiques communes, peuvent s'inscrire à la mailing list cmculture-communaute-subscribe@tmnlab.com. Ils recevront alors les actus des rencontres mais aussi un espace pour retrouver plein d'infos (annuaire de prestataires, annuaire des CM, veille sur les réseaux ...)”.
A noter que #CMculture poursuit le travail effectué pendant plusieurs années par les rencontres #CMMin du Ministère de la Culture - des rencontres imaginées et animées par Florence Vielfaure. Rencontres qui elles mêmes s’inscrivaient dans la dynamique des museogeeks et les échanges URL ou IRL initiés par Muzeonum.“Digital profiles/skills in Museums today” - Conxa Rodà (alias @innova2) a mis en ligne une version mise à jour et étendue (V3) de son recueil gratuit sur les compétences et profils numériques dans les musées. A télécharger, utiliser et partager (PDF de 323 pages principalement en anglais).
Vous avez peut-être beaucoup joué avec des lettres ces dernières semaines. Combinant et recombinant celles-ci pour trouver le mot du jour de Wordle, Sutom et autres jeux similaires. A force de jouer avec des lettres, j’ai effectué une étrange découverte qui me laisse perplexe (vos commentaires et messages sont les bienvenus à ce sujet) : une anagramme exacte de LOUVRE est VOLEUR! (en lien avec le 21 août 1911 ?)
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Voila, c’est déjà la fin du numéro 106.
Merci pour votre attention, je suis Omer Pesquer, consultant spécialiste des technologies et des usages associés au numérique.
La suite au prochain numéro - à tout soudain,
o m e r
P.S. : Merci à @dr_kouk pour sa relecture.
You’re welcome Omer!