Salut à tou·te·s,
Bienvenue dans Muzeodrome, l’infolettre inspirante qui vous plonge dans la créativité des musées et des espaces d’expositions.
Voici plusieurs choses qui valent la peine d'être partagées avec vous cette semaine :
1) Un terrain de jeu créatif 🏛️🕺
En février 2018, la première édition de “L’Envers du décor” se présentait ainsi :
“Joyau de l’architecture Art déco des années 1930, le Palais de la Porte Dorée se réinvente le temps d’un grand week-end événementiel gratuit. Avec cette première édition de L’Envers du décor, il ouvre ses portes à des artistes issus de multiples univers pour transfigurer son architecture.”
En raison du contexte sanitaire qui maintient les musées fermés, la quatrième édition de L’Envers du décor se déroule en ligne, dans un site web dédié :
envers.palais-portedoree.fr
”Danse, cirque, musique, performance, dessin, les artistes prennent possession des lieux à travers douze performances filmées inédites, tournées cette année dans un Palais sans public, et qui jouent avec les richesses architecturales du monument et en interrogent la mémoire.”
Le travail effectué sur les vidéos, de la réalisation au montage, met remarquablement en avant les performances in situ des artistes ainsi que les multiples espaces du monument historique :
La jongleuse Neta Oren dans un escalier extérieur, un jour de neige…
Le danseur krump Cyborg dans le salon Paul Reynaud…
Trois membres de la French Freerun Family sur le toit du Palais...
Le performances sont admirables. Toutefois, les éditions précédentes accueillaient des publics très divers. Publics dont les traces visibles manquent ici (dans le site dédié à cette édition 100% numérique).
2) Dans les tournages 🎥🏬
Conservateur du patrimoine, Adrien Bossard est le directeur du musée départemental des arts asiatiques et de l'espace culturel Lympia (Nice). Je lui ai posé quelques questions suite à événement qui s’est déroulé à la mi-février 2021 et qui avait pour décors le musée dont il est le directeur.
Pour le lancement de son dernier smartphone en France, Xiaomi a choisi le Musée des arts asiatiques à Nice. Pouvez-vous nous en dire plus ?
“On avait besoin de téléviseurs et d'audioguides pour les expositions prévues pour la réouverture. Le commissaire des expositions a fait jouer son réseau pour obtenir ce matériel et Xiaomi France a décidé de soutenir le projet. Nous avons mis en place un parrainage qui permettait à Xiaomi de tourner leur conférence au musée en contrepartie du matériel. J'insiste sur le fait que le musée est le décor de cette vidéo, et non pas le support. Le résultat est super. Une belle opération. 3 millions de vues, ce n'est pas rien. Et si la vidéo a donné envie de venir découvrir le lieu, c'est d'autant mieux.”
Les musées sont de magnifiques lieux de tournage. Le Solomon R. Guggenheim Museum a de multiples fois été utilisé comme décors, le Musée du Louvre aussi, le Centre Pompidou dans le James Bond “Moonraker”... Comment de plus petits musées peuvent “jouer dans ce jeu” et que peuvent-ils en attendre ?
“Les petits musées ne font pas le poids face aux mastodontes qui disposent d'équipes dédiées et qui ont une forte attractivité. Je pense que pour pouvoir ponctuellement réaliser ce type d'opération, il convient de d'abord bien identifier les qualités et capacités du musée, d'établir une grille tarifaire précise pour l'exploitation des espaces et ensuite de se faire référencer. Les rencontres et la communication jouent aussi beaucoup bien entendu. Mais je pense qu'il faut surtout ne rien s'interdire en connaissant bien les limites à ne pas franchir. Quant aux attentes, je pense qu'en ayant toujours en tête l'intérêt de l'établissement et de la collectivité, on peut avoir de belles surprises.”
Le tournage de Xiaomi n'est pas le premier, ni le dernier, à avoir eu lieu du Musée des arts asiatiques de Nice...
“Oui, on a eu un épisode de la série "Riviera" avec Julia Stiles en 2017, une séquence du film le "Premier cercle" avec Jean Reno, on se prépare à accueillir Suzane pour un concert qui sera diffusé en streaming en mars 2021. On a beaucoup de tournages organisés en interne par le service de la comm du Département des Alpes-Maritimes. Ce n'est pas sa fermeture qui a déclenché ce genre d'opération au musée. Étant un bijou de marbre et de verre, avec de beaux volumes et un cadre luxuriant, le bâtiment est très attractif.”
Est-ce que ces différents tournages ont eu un impact dans l'évolution des médiations du musée ?
“Dans le cadre du tournage Xiaomi, les téléphones portables obtenus via le parrainage vont servir d'audioguides ou comme supports de compléments audio ou vidéo. La place prise par le contenu interactif dans les expositions est de plus en plus importante, nous sommes désormais bien équipés. C’est la première fois que nous faisons des audioguides sur des téléphones mis à la disposition du public. Nous avions des audioguides très classiques jusqu’à présent. Nous allons pouvoir développer de nouvelles applications adaptées.
En outre, les tournages ont eu des conséquences techniques : nous avons fait installer des podiums pouvant se déplacer facilement pour être en mesure de moduler les espaces.”
3) Écouter les mathématiques 👂📐
La Maison Poincaré (Paris), appelée auparavant "La Maison des mathématiques" (voir Muzeodrome n°18), avait envisagé d’ouvrir ses portes en septembre 2021. Une ouverture qui sera peut-être reportée en raison de la crise sanitaire.
En attendant, la Maison propose depuis 1er décembre 2019 un podcast consacré aux mathématiques et à la physique théorique : “L’Oreille Mathématique”.
“Une conversation mensuelle avec un mathématicien ou une mathématicienne pour mettre en lumière le tempérament et les idées de celles et ceux qui font les mathématiques contemporaines.”
Animé par Hélène Delye (productrice de documentaires sonores pour France Culture), chaque épisode d’une durée de 30 à 40 minutes laisse vraiment le temps à l’interviewé·e de s’exprimer pour découvrir son univers.
Diffusé en janvier 2021, le 11 ème épisode donnait la parole à Adam Ouorou. Originaire du Bénin, le mathématicien en recherche opérationnelle (“discipline à cheval entre les mathématiques et l’informatique”) expliquait à la fin de son entretien “pourquoi il est important de « laisser son esprit travailler seul », « vagabonder » lorsqu’on est chercheur, qui plus est en mathématiques.”
Oubliez vos souvenirs scolaires. Découvrez les mathématiques et la physique avec une autre oreille…
4) Flashs et retours ⚡🌐
Vous les avez peut-être ratées, Muzeodrome a compilé ces informations pour vous :
Les signaux faibles m’indiquent le lancement de Pixelvetica, projet “qui vise à mettre en avant et préserver le patrimoine des jeux vidéo suisses” (un projet du Gamelab UNIL-EPFL, du Musée Bolo et de l’Atelier 40a avec le soutien de Memoriav, l’association pour la sauvegarde de la mémoire audiovisuelle suisse).
Pour Culturebox (la chaîne éphémère de France Télévisions), Noëmie Roussel a proposé une belle version longue du format de visite d’exposition qu’elle avait initiée en décembre 2020 pour Culture Prime (voir Muzeodrome n°55). Accompagnée de Philippe Dagen et de plusieurs artistes, elle a ainsi animé le 21 février 2021 pendant une quarantaine de minutes une visite privée de l’exposition “Ex Africa” (exposition qui présente 150 œuvres d’artistes contemporains au musée du quai Branly – Jacques Chirac). Trois capsules artistiques complémentaires sont disponibles dans la page de CultureBox l’expo.
Actuellement fermé en raison des restrictions imposées par COVID-19, le Musée d'histoire naturelle de Londres vient pourtant dévoiler “une réplique géante de Mars pour marquer l'arrivée récente du rover Perseverance de la NASA sur la planète rouge” (Une réplique de 7 mètres de large conçue par l’artiste britannique Luke Jerram).
Le duo électro Daft Punk avait rejoint les musées bien avant leur séparation. Leurs costumes “robots” figuraient ainsi, il y a déjà quelques années, à l’entrée du GRAMMY Museum de Los Angeles.
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A tout soudain,
Omer Pesquer { https://omer.mobi/ }
Ps : Merci à @dr_kouk pour sa relecture de ce numéro et des précédents.