Salut à toutes et tous,
🖖 Bienvenue dans Muzeodrome, l’infolettre et le site qui vous plongent dans les numériques des musées et des espaces d’expositions en établissant des ponts entre le passé, le présent et les futurs.
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👉 Publié en novembre 2019, en s’inspirant du format mobilisé par Recomendo, le premier numéro de l’infolettre présentait “cinq choses qui valent la peine d'être partagées” en moins de 500 mots. Dans le dernier numéro de l’infolettre (le 139), plus de 2000 mots étaient présents ! En ce début d’année 2024, ma résolution est de revenir progressivement à des éditions plus légères.
Bonne année 2024 pleine de découvertes et de bifurcations.
▙
“Ce que nous considérons comme de l'Intelligence artificielle est souvent le produit de clics routiniers d'innombrables travailleurs. Cachés derrière leurs écrans, ils font fonctionner la chaîne de production numérique d'une industrie de l'étiquetage en plein essor, axée sur les services de description de données, des services qui semblent automatisés mais qui sont en fait purement humains…”
Début du cartel présentant la serie «Meta Office: Behind the Screens of Amazon Mechanical Turks», volet du “projet de recherche et de conception Meta Office mené par Lea Scherer, Lauritz Bohne et Edward Zammit en 2021” - Cartel affiché dans l’exposition «Capital Image» au Centre Pompidou.
Un autre regard sur la photographie 📸🌄👀
“[la photographie] est devenue la base de notre relation visuelle avec le monde. En tant que support d'enregistrement et de stockage rentable et reproductible, la photographie a contribué au développement de l'ère industrielle et post-industrielle.“
Située au niveau -1 du Centre Pompidou, la “Galerie de photographies“ (en accès libre) accueille du 27 septembre 2023 au 26 février 2024 «Capital Image», une fascinante exposition qui explore le passé et le présent de la photographie en tant que technologie de l'information.
«Capital Image» examine un mécanisme inhérent à la photographie: transformer le monde visible en une archive visuelle à exploiter.”
Conduit par l'historienne de la photographie Estelle Blaschke (voir ci-dessous) et le photographe Armin Linke, ce projet de recherche artistique explore dans sa version proposée au Centre Pompidou quatre domaines : MÉMOIRE - EXPLOITATION - VISUALISATION - DEVISE. Photographies, textes, publications, images d'archive, entretiens et vidéos composent l’exposition. Dans la scénographie, ces divers éléments sont “disposés sans hiérarchie ni priorité, offrant une narration à plusieurs niveaux qui invite les visiteurs à établir des liens entres les œuvres exposés”.
Plusieurs éléments historiques y sont présentés (dont le fameux article/manifeste écrit par Vannevar Bush en 1945 : «As We May Think») ainsi que des recherches récentes (photos d‘éléments de CERN, “Chantier scientifique de Notre-Dame de Paris“, …).
L’exposition «Capital Image» ouvre de nombreuses portes et pose un regard critique sur l’histoire de la photographie.
“En bref, quel rôle a joué l'imagerie scientifique dans le développement historique du capitalisme, dans la construction de la domination capitaliste sur la nature et le travail humain?”
Allan Sekula, 1983 (citation affichée dans l’exposition)
Le projet global intègre des expositions déployées dans trois autres musées européens, des conférences et un remarquable site Web : image-capital.com. Site qui rassemble images, vidéos, citations, vues d'exposition et articles d'auteurs invités.
”Comme l'eau, comme le gaz, comme le courant électrique viennent de loin dans nos demeures répondre à nos besoins moyennant un effort quasi nul, ainsi serons-nous alimentés d'images visuelles ou auditives, naissant et s'évanouissant au moindre geste, presque à un signe”.
Paul Valéry, 1929 (citation affichée dans l’exposition)
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Circulation des photographies 📸🌄🌐
“Je m'intéresse à la circulation des images, aux infrastructures d'images ainsi qu’aux concepts de la photographie en tant que technologie de l'information.”
Estelle Blaschke en ouverture de son site Web
L’historienne de la photographie Estelle Blaschke est une de deux personnes à l’origine du projet «Capital Image» (voir ci-dessus). Ses recherches précédentes ouvrent de nombreuses pistes à explorer.
En décembre 2011, Estelle Blaschke soutient à l’EHESS Paris une thèse sur les banques d’images qui “ont façonné notre culture visuelle occidentale”. Ce travail sera à l’origine du livre “Banking on Images - From the Bettmann Archive to Corbis” publié en 2016 par Spector Books. De 2015 à 2020, à l'Université de Lausanne, en équipe avec Olivier Lugon et Davide Nerini, elle pilote des recherches sur l'histoire du microfilm - microfilm qui constitue le “«chaînon manquant» entre l’ère du livre et la culture numérique”. Issu de ce travail, le site Micro-histories présente une anthologie de textes historiques majeurs sur les microformes.
En 2019, elle dirige avec Davide Nerini le dossier du numéro 3 de la revue d’histoire de la photographie Transbordeur. Dossier intitulé “Câble, copie, code. Photographie et technologies de l’information”.
“L’histoire de la photographie, dans ses liens multiples avec les technologies de l’information, montre bien comment le rêve d’une vision partagée avec les machines, qui nous semble découler du numérique, s’est en réalité déjà fait jour par le passé et a trouvé au fil du temps d’autres réponses techniques.”
Extrait de la présentation du n°3 de Transbordeur (dans le site de la revue)
Depuis février 2020, Estelle Blaschke est professeure intérimaire en études des médias à l'Université de Bâle (Suisse). Elle enseigne aussi l'histoire et la théorie de la photographie à l’école cantonale d'art de Lausanne (ECAL).
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La contre-attaque du Web indépendant 🕸️👊💥
“Arnaud Martin a été un des pionniers du Web français aussi bien du coté technique que du coté social. Je l'ai d'abord connu sous le nom de Arno* en 1997 à l'époque d'uZine et du "Manifeste du Web indépendant" (dont il est un des co-auteurs).“
Muzeodrome n°37
Depuis quelques mois, j’ai la chance de travailler avec Arnaud Martin sur un beau projet de site Web pour un centre d’art contemporain. J’en ai profité pour lui poser quelques questions.
Arnaud, peux-tu présenter 23 Forward, la structure que tu co-diriges ?
23FORWARD est l’agence Web que nous avons créée à Montpellier, Diala Aschkar et moi. Nous développons des sites Web et des tables interactives pour les musées. Nous proposons également des «mini-sites» aux formats très variés via notre plateforme musee.info.
Peu de personnes savent que les technologies Web sont aussi déployées in situ…
Avec les smartphones, le Web a évolué pour permettre les interactions sur écrans tactiles. De ce fait, il est possible de réaliser des interfaces tactiles sur des bornes et des tables, avec des animations fluides, des effets 3D, du glisser-déposer… en utilisant uniquement des technologies Web. La table tactile dans le musée est alors en réalité un site Web (qui ne ressemble cependant pas à un site Web…). Avantage: on peut diffuser ces mêmes contenus sur le Web – puisque les technologies Web sont multi-supports.
Plusieurs de vos dernières réalisations Web présentent des formes longues. Pourquoi mobilisez-vous ce format ?
Longtemps on découpait les contenus en pages-écrans, pour éviter de trop scroller. Avec les formes longues, on regroupe tout le contenu sur une même page à scroller. L'enjeu alors est d'améliorer la lisibilité des textes tout en rythmant graphiquement la lecture. Cela donne un aspect «magazine» mêlant images, textes et animations. (exemple 1: Soulage - exemple 2: Moyen-âge et Renaissance)
La majorité de vos réalisations s'appuie sur SPIP (système de publication pour l'Internet), le CMS que tu as co-créé vers l’an 2000. Quelle est la philosophie de ce moteur?
SPIP est un logiciel libre pionnier dans le domaine des CMS, développé dans une optique très militante: faciliter l'accès du plus grand nombre à l'expression publique sur le Web. En France, SPIP a largement accompagné la démocratisation du Web des années 2000/2010.
Pour terminer cet entretien, tu es aussi à l'origine du micro-réseau social Seenthis. Peux-tu nous en dire plus ?
Seenthis est un réseau social que j'ai créé en 2009, pour compléter notre travail autour d'uZine et du Portail des Copains (rezo.net). C'est un réseau qui assume son aspect très politique et militant.
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Lu, vu, entendu ⚡⚡⚡
Vous les avez peut-être ratées, Muzeodrome a compilé ces informations et ressources pour vous :
Les objets du museum du futur | “Venez contribuer à une exposition participative constituée exclusivement d’objets créés par vous, les visiteurs du Musée ! Invention, nouvelle espèce découverte, objet du quotidien obsolète... Votre création intégrera l’exposition !“. Le Musée d’histoire naturelle de Lille a lancé cet appel à ses publics alors qu’il “s’apprête à fermer ses portes pour un grand chantier de rénovation” - Les objets du museum du futur et leurs cartels seront présentés dans le musée du 6 mars au 1er avril 2024.
Institutions + Publics + Numériques | Dirigé par Jessica de Bideran & Cristina Badulescu, le numéro 27 de la revue de la Société Française des Sciences de l'Information et de la Communication (SFSIC) a pour thème “Les publics des musées et institutions culturelles à l’ère du numérique“. Un numéro totalement consultable en ligne.
Serveur Vocal Poétique | “Vous composez un numéro de téléphone. A l’autre bout du fil, une voix vous accueille et vous propose d’écouter un poème“. La Cie Home Théâtre a développé, dès les premiers confinements, le Serveur Vocal Poétique (SVP). Une belle idée dans la lignée du dispositif Dial-A-Poem imaginé par le poète John Giorno en 1968 (voir Muzeodrome 36). En ce début d’année 2024, le SVP propose sa version 5 marrainée par la poétesse Lisette Lombé / via Sandrine Duclos
Des histoires dans le tunnel | Elisabeth Gravil, ma consœur (et parfois partenaire de missions stratégiques), a publié en janvier 2024 un article où elle montre, en s’appuyant sur le calendrier de l’Avent 2023 en ligne du Rijksmuseum, tout l’intérêt de coupler les récits des musées avec le tunnel de conversion marketing.
Tendances 2024 | Chaque fin de l’année, le jeu est de deviner les tendances majeures de l’année à venir. Co-fondateur de Malheurs Actuels et créateur d'Une Semaine Ordinaire sur LinkedIn ("USOL"), Romain Enjalbert a ainsi partagé fin 2023 trois tendances identifiées dans sa veille : 1) La non-utilisation de l’IA comme facteur distinctif - 2) Le déclin des réseaux sociaux ? - 3) Le renouveau du format long.
Qu’en pensez-vous ?
Numérique ou écologie ? | Faut-il opposer numérique et écologie ? c’est la question que pose l’infolettre 15marches. Elle y répond en dressant une carte de 10 controverses.
Sans numérique | “Tranquillement, collectivement, on a fabriqué une nouvelle sorte de handicap!”. Dans le podcast "Le code a changé" (France Inter), Xavier de La Porte questionne remarquablement les numériques. Pour bien débuter l’année 2024, il nous invite à la rencontre d’un membre de sa famille qui “vit complètement en dehors du monde numérique, et même de l’informatique la plus basique” !
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Voila, c’est déjà la fin de ce numéro 140 ! Avant de partir, n’oubliez pas de donner votre avis - au travers d’un message, d’un commentaire💬 ou d’un simple appui sur le💜.
La suite dans le prochain numéro (avec encore moins de mots) - à tout soudain,
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Je suis Omer Pesquer - J’accompagne les organisations culturelles dans leurs déploiements numériques pour stimuler et prolonger leurs rencontres avec leurs publics.
P.S.: Merci à Michel Kouklia pour la relecture de ce numéro !
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Le format plus dense est (pour moi) nettement mieux ! Bravo !