Salut à tou·te·s,
Bienvenue dans Muzeodrome, l’infolettre inspirante qui vous plonge dans la créativité des musées et des espaces d’expositions.
Je vous propose cette semaine un numéro qui débute avec des esthétiques circulantes:
1) De quelle esthétique ?
Si je vous dis dreamcore ou paleocore, est-ce que cela vous évoque quelque chose ? De très nombreuses esthétiques (aesthetics) sous-jacentes aux images circulent dans le web. Pour les musées, celles-ci constituent des opportunités pour établir des liens entre leurs collections et les intérêts visuels des jeunes générations. Pour vous en parler, j’ai questionné une des spécialistes du sujet Solweig Mary.
Qui es-tu ? Que fais-tu ?
Bonjour, moi c'est Solweig, fondatrice de l'agence social media & influence Digitalis. J'aide les acteurs de l'art, la culture et la science à fleurir sur les réseaux sociaux de toutes les manières possibles, incluant un travail de veille sur mes comptes.
Tu as publié un article intitulé "De l’art d’être esthétique sur les réseaux sociaux : attirer la Génération Z au musée" - Peux-tu nous en dire plus ?
Si les esthétiques existent depuis longtemps, Internet et les réseaux sociaux ont permis leur déploiement virtuellement. Pour la GenZ, c'est un moyen de construire son identité et de s'intégrer. Les lieux culturels ont tout intérêt à s'inscrire dans ces sous-cultures / univers sur les réseaux sociaux pour attirer de façon originale et pertinente un public plus jeune.
Comment les musées ainsi que les archives, bibliothèques et jardins peuvent-ils s'inscrire dans ces courants esthétiques ?
En détournant leurs collections ou fonds ! Certains le font déjà très bien avec les références pop culture, c'est le même principe. L'esthétique "Cottage Core" semble être celle qui a le plus inspiré les musées comme le Museum of English Rural Life, le Victoria & Albert Museum. Autre idée : le Black Country Living Museum contrebalance la romantisation de l'époque victorienne.
Penses-tu que ces esthétiques sont des modes passagères - ou est-ce que certaines de celles-ci sont ancrées plus profondément dans notre culture ?
Comme la mode, je pense qu'elles tournent en boucle tout en étant constamment renouvelées ! Par exemple, nous vivons actuellement un revival des années 1970 à 2000 qui a fait naître une vraie nostalgie chez la GenZ alors que nous ne les avons pas vécues (cf #retrotiktok). Drôle, non ? Si le phénomène explose aujourd'hui, c'est aussi pour répondre à un besoin d'évasion face à l'actualité.
Il existe des centaines d'esthétiques, qu'elle est celle que tu préfères et pourquoi?
Plus de 700 esthétiques sont référencées sur ce wiki collaboratif ! Difficile de n'en préférer qu'une, je baigne dedans depuis que je suis sur Internet (j'avais alors 10 ans). Ce TikTok résume bien ma réponse. À 14 ans, j'étais très adepte de Tumblr et ses moodboards. Aujourd'hui, je me retrouve plutôt dans les "academias", cottage core ou paleocore.
2) Giffez-le
”C’est toujours un réel plaisir d’essayer de trouver des idées créatives puis de les mettre en application à travers la création de GIF animés.” Damien Petermann
Comme chaque année, le mois d’octobre est celui GIF IT UP, concours annuel de création de GIFs animés organisé par Europeana en étroite collaboration avec la Digital Public Library of America, Digital NZ et Trove.
”Du 1er au 31 octobre, tous les créateurs de GIFs, les passionnés de patrimoine culturel et les amoureux de l'internet sont invités à créer de nouveaux GIFs en remixant du matériel libre de droits et sous licence ouverte.” GIT IT UP
Le 1er octobre 2021, dans le blog d’Europeana, Aleksandra Strzelichowska a publié un article en anglais intitulé “Comment réaliser un excellent GIF”. Sous-titré “Découvrez comment les participants au projet GIF IT UP trouvent l'inspiration et donnent vie au patrimoine culturel”, cet article questionne trois praticien·ne·s du GIF : Nisha Alberti, Damien Petermann et Tiphaine Touzeil :
“J'essaie de raconter une petite histoire à travers mes GIFs, j'aime particulièrement quand une peinture prend vie. J'ai l'impression et aussi l'ambition, d'une certaine manière, de rendre l'art un peu plus vivant et de permettre, via le GIF, à un plus large public de découvrir des œuvres parfois inconnues ou oubliées.” Tiphaine Touzeil
En avril 2020, dans le n°23 de l’infolettre, j’avais questionné Tiphaine Touzeil (alias Pamela Chougne), éditrice du compte Twitter @mesgif sur sa production de GIFs animés pour Paris Musées. Le même mois, dans le n°26 de l’infolettre, j’avais interrogé Damien Petermann sur sa pratique du GIF et sur ce challenge. Dans son carnet de recherche web, celui-ci a depuis publié un article fouillé intitulé “GIF IT UP, remixer les collections patrimoniales en créant des GIF animés“ (article mis à jour en octobre 2021).
Pour faciliter leurs circulations et leurs partages, Europeana diffuse les images animées réalisées pour GIF IT UP au travers de la plateforme états-unienne Giphy. A la mi-octobre 2021, le compte Giphy de GIF IT UP en contenait plus de 750.
► https://giphy.com/gifitup
Deux bémols toutefois:
- Le nom de la conceptrice ou du concepteur du GIF disparait dans Giphy.
- En mai 2020, Facebook a acheté Giphy. Cet achat a entrainé de nombreuses questions, entre autres sur l’usage des données de ses utilisateurs.
3) Les monstres de l’escalier
J’ai eu la chance de discuter plusieurs fois avec Stan Manoukian d’images et de science-fiction (pour ne rien vous cacher nous habitons le même quartier). Au début des années 90, Stan Manoukian se nommait alors Stan et son travail d’auteur de bande dessinée était dans la lignée de ce que publiait quelques années auparavant le magazine Métal Hurlant. En 2007, il se donne un impoortant défi : dessiner un monstre par jour pendant un an.
Ce défi durera finalement trois ans et deviendra un véritable projet artistique d’envergure. [Depuis], Stan continue son projet en créant des illustrations de plus en plus grandes et complexes, établissant un style graphique et un bestiaire unique.” Galerie Glenat
A la fin novembre 2021, Stan Manoukian (alias @Grograou) expose ses “monstres” dans le cadre du festival bd BOUM 2021 à Blois (Loir-et-Cher). Pour annoncer le festival et l’exposition, la ville de Blois a mobilisé un espace singulier : un grand escalier qui surplombe la ville.
“En ce moment même à Blois, vous pouvez assister à l’invasion de mes bestioles sur le grand escalier Denis-Papin ! Durant Octobre et Novembre, mes monstres envahissent la ville 🤗” Stan Manoukian le 12 octobre 2021 dans Instagram.
Depuis 2013, les contremarches de cet escalier monumental de cent-vingt marches sont deux à trois fois par an “habillées de visuels géants faisant échos à l’actualité” de la ville.
”Cet habillage, fortement attendu chaque année, permet à l’art d’investir l’espace public, dynamise le centre-ville, fait davantage connaître les temps forts culturels de la ville, encouragent à y participer et accroit la notoriété de la ville de manière originale et ludique.” Ville de Blois
Pour chaque affichage sur l’escalier Denis-Papin, environ 360 lés adhésifs différents sont imprimés. Pour fixer ceux-ci sur les contre-marches de l’escalier plusieurs jours sont nécessaires.
Ce dispositif d’affichage original a été imaginé par le service communication de la ville de Blois et Arnaud Dalaine, le magicien de la Maison de la magie Robert-Houdin (“seul musée public d’Europe à réunir des collections de magie et des spectacles vivants permanents”).
Le titre de ce numéro fait référence à une phrase d’Oscar Wilde publiée dans son “Portrait de Dorian Gray” (1890). Oscar Wilde était un des “portes parole” du “mouvement esthétique” anglais (1860-1901).
~ ~ ~ ~ ~
👉 Vous avez aimé ce numéro ► Signifiez le en cliquant sur un 💜 (ci-dessous ou ci-dessus).
👉 Vous découvrez Muzeodrome aujourd'hui ► abonnez-vous pour ne pas rater les prochains numéros.
La suite au prochain numéro - à tout soudain,
Omer Pesquer { https://omer.mobi/ }
Ps : Merci à @dr_kouk pour sa relecture de ce numéro et des précédents