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En ces temps [toujours] étranges et incertains, voici cinq choses qui valent la peine d'être partagées avec vous cette semaine :
1) Ping-Pong 🖼️➡️🧩
Je me souviens d'avoir joué avec plaisir avec l'application pour smartphone "Rando" de Ustwo en 2013. Ce qui était génial avec celle-ci était le principe de ping-pong planétaire : on envoyait une photo et en retour on en recevait une autre d'un expéditeur inconnu avec juste la géolocalisation de l'envoi (on pouvait aussi voir à quel endroit du monde sa photo avait été expédiée).
J'ai repensé à Rando cette semaine lorsque j'ai testé, sur les recommandations d'Elisabeth Gravil, la toute nouvelle brique de l'écosystème numérique du CMA (Cleveland Museum of Art, Ohio, USA) : "ArtLens AI: Share Your View".
“L'outil de recherche d'images inversées utilise l'intelligence artificielle (IA) pour reconnaître les formes, les motifs et les objets de vos propres photos afin de trouver des correspondances surprenantes et délicieuses dans la collection encyclopédique du CMA.”
Disponible directement dans le site de l'institution, "ArtLens AI : Share Your View" est aussi activable depuis Twitter en ajoutant à un tweet contenant une photo le nom du bot associé au projet : @ArtLensAI.
Dans une publication dans Medium, le Cleveland Museum of Art explique sa démarche autour de ce projet :
“Nous espérons que ce sera une autre source d'inspiration et de plaisir en ces temps incertains. Nous savons que les gens ont besoin de nouvelles façons, créatives et faciles, de s'engager dans l'art.”
A vous de jouer...
Note 1 : les images en provenance des collections du CMA présentées dans "ArtLens AI: Share Your View" sont en licence CC0.
Note 2 : ce projet comporte quelques similitudes avec celui du SFMOMA "Send Me" - projet qui fonctionne par SMS/MMS (voir Muzeodrome n°6).
2) Culture distribuée ⚙️📦
Le 20 aout 2020, une news de TimeOut Tokyo titrait : “Le jouet-caca à presser de l'Unko Museum est la balle anti-stress dont nous avons besoin pour 2020” ! Je vous ai déjà parlé de l'univers coloré de l'Unko Museum (voir Muzeodrome n°3). Le point intéressant ici est que les balles anti-stress de cet experium* sont distribuées au travers du réseau des Gashapon (jouets en capsules). Au Japon, la distribution de jouets par ce canal est très importante. En 2019, 360 000 distributeurs étaient déployés par le leader du marché : Bandai.
“Si vous ne pouvez pas vous rendre au musée, ces capsules sont la meilleure solution, avec la série d'activités en ligne gratuites du musée” Kaila Imada - TimeOut Tokyo
Les Gashapon sont aussi présents en Europe, on en trouve dans les super-marchés et autres endroits dédiés à la consommation. Le dispositif japonais est par ailleurs "assez semblable à la fameuse « tirette-surprise » très largement connue en France dans les années 1970".
La mécanique amusante de ces machines permet de rendre les produits vendus plus désirables et l'achat plus amusant. Depuis des années, je pense que ce type de distribution est aussi envisageable pour des articles culturels : petits livres, produits dérivés de musées...
“Les livres sont présentés via distributeurs automatiques. Ceux-ci réduisent la distance entre Auteur et Lecteur et permettent une accessibilité hors des heures d’ouverture.” Blow Book
Blow Book (www.blowbook.be) , un éditeur de bande dessinée Belge, distribue ses productions avec des tirettes 2.0. Ici, point de surprise, vous choisissez une mini bande dessinée par son numéro et vous régler celle-ci avec votre carte bancaire au travers d'un petit paiement sans contact. L'article descends en bas de l'appareil avec un ensemble de bruits, vous ouvrez alors la petite porte un sourire aux lèvres…
Note : "experium" est mot-valise combinant "experience" et "museum" (voir Muzeodrome n°5)
3) Demandez au conservateur 🤔🧑🏫💡
“Il n'y a pas de questions stupides, juste celles qui ne sont pas posées !” #AskACurator
Coordonné par Mar Dixon (@MarDixon) et Jim Richardson (@MuseumJim), l'événement en ligne #AskACurator revient le mercredi 16 septembre 2020. Le but de celui-ci : pouvoir poser facilement des questions aux experts des musées.
Cette année est particulière pour #AskACurator, car l'événement fête ses dix ans et sa onzième édition. Cette opération pionnière dans les réseaux socionumériques a ouvert la voie à de nombreuses autres actions, en premier lieu à la #museumweek. Jim Richardson revient sur l'événement qu'il a initié dans un article publié par MuseumNext - en voici les premières phrases :
"La journée "Ask a Curator" a été lancée en 2010 dans le but d'exploiter la puissance du réseau Twitter pour susciter un engagement direct avec les conservateurs du monde entier. L'idée était que les publics curieux puissent interroger les gardiens du patrimoine culturel sur les objets dont ils ont la charge et sur ce qu'ils en font."
L'événement a connu un succès immédiat, les musées des différents pays du monde répondant aux questions de leur public, et il s'est retrouvé dans les tendances de Twitter dans le monde entier.
Au cours de la dernière décennie, l'événement s'est développé sous l'œil attentif de Mar Dixon et est passé d'une simple manifestation sur Twitter à un événement qui englobe également Instagram, YouTube et Facebook".
Pour la première édition de 2010, comme le rappelle un article de Sébastien Magro, seuls 7 musées en France avaient participé à l'opération. Combien seront-ils cette année ?
4) Scandales et troubles 🏛️😳👎
“L’équipe des MOOC Culturels a pensé à votre emploi du temps chargé de la rentrée et se dote d’un nouveau format d’apprentissage : les Graines de culture”. Le jeudi 17 septembre 2020 sera lancé « Scandale ! » - une première "Graine de Culture" consacrée "aux œuvres qui ont indigné la critique" et à "comment la notion de scandale dans l’art a évolué entre le XIXe siècle et aujourd’hui".
S'il existe des scandales dans l'art, il en existe aussi dans les musées comme le rappelle un fait récent survenu le 8 septembre 2020 à l'entrée du Musée d'Orsay. A cause de sa tenue jugée susceptible de "générer un trouble" (voir ci-dessous), une jeune femme (@jeavnne) a été obligée de mettre une veste sur sa robe pour pouvoir rentrer dans le musée. Dans une lettre ouverte postée dans Twitter, @jeavnne raconte sa regrettable expérience et les propos des agents d'accueil qui s'appliquaient à faire respecter les "REGLES". Le musée s'est excusé dans un tweet et un communiqué où il a indiqué qu'un “rappel des règles d'accueil a été effectué auprès de la société prestataire placée aux entrées du musée”. Le Figaro rapportait par ailleurs que “Le Musée d'Orsay explique que ce qu'il qualifie «d'incident» est le fait d'un agent de sécurité, qui se serait rendu coupable d'un excès de zèle. Il n'aurait «pas appliqué le règlement intérieur», lequel n'impose aucune restriction vestimentaire à ses visiteurs”.
Toutefois dans le règlement de visite du musée d'Orsay et du parvis (document de 24 pages constitué d'un ensemble de 74 articles datant de mars 2020), deux articles peuvent être à l'origine du "dérapage" :
Article 7 : "Les usagers doivent conserver une tenue décente et un comportement conforme à l'ordre public..."
Article 14: "L'accès au musée est interdit au visiteur portant une tenue vestimentaire susceptible de générer un trouble à la tranquillité publique".
Avec quels critères juger ce qu'est une "tenue décente" ou une "tenue vestimentaire susceptible de générer un trouble à la tranquillité publique" ? Le scandale vient ici d'un règlement trouble et non d'une belle robe avec un décolleté.
Note 1 : [SUITE] Le dimanche 13 septembre 2020, prenant le musée à ses propres mots, des Femen ont effectué une action dans le musée d’Orsay.
Note 2 : je vous invite à (re)lire l'entretien que j'avais donné en juin 2019 à Julien Baldacchino pour le site web de France Inter : “#NePas : pourquoi y a-t-il tant d'interdictions (loufoques ou zélées) dans les musées ?”. Entretien où j'indiquais que “dans les musées, le corps est mis à distance”.
Note 3 : on peut aussi souligner que le règlement du musée ne mobilise pas l'écriture inclusive.
/merci à @LaurePressac et @Acolandre
5) Un genre émergent ? 🏛️😷📷
Qu'est-ce qui caractérise actuellement nos visites au musée ? Qu'est-ce qui les différencie de celles effectuées il y a quelques mois ?
“Nouvelle activité artistique en plein essor : se demander à quoi ressemblent les autres visiteurs sous leurs masques” ArtNet News
Alors que les musées “se sentent assez bizarres”, les photographes qui s'efforcent de capturer le moment présent doivent saisir comment les visiteurs et les visiteuses masqué·e·s investissent les espaces d'exposition. Au travers de douze photographies, un article d'Arnet évoque non sans humour ce sujet et pose cette question : “la photo hautement symbolique du visiteur masqué d'un musée d'art est-elle un genre émergent ?”
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Omer Pesquer { https://omer.mobi/ }
Ps : Merci à @dr_kouk pour sa relecture de ce numéro et des précédents.