Salut à tou·te·s,
Bienvenue dans Muzeodrome, l’infolettre inspirante qui vous plonge dans la créativité des musées et des espaces d’expositions.
Voici cinq choses qui valent la peine d'être partagées avec vous cette semaine :
1) Sous les caméras 📹📹📹
Depuis plusieurs années, je m'interroge sur le nombre très limité de webcams mises en service par les musées. Pendant les confinements de l’année 2020, je m'attendais à ce que des musées expérimentent avec celles-ci. À ma connaissance, ce ne fut pas le cas.
À la condition que les visiteurs ne soient pas identifiables, placer une web caméra à l'intérieur ou à l’extérieur du musée est pourtant envisageable pour plusieurs raisons :
Pour offrir la contemplation d’une œuvre à distance. Ce fut le cas pendant plusieurs années pour la sculpture «Maman» de Louise Bourgeois présentée à l’extérieur du Musée des beaux-arts du Canada.
Pour médiatiser des processus longs, comme la construction d'un musée. Ou encore pour suivre certaines étapes de conservation comme le proposent les caméras de l'USS Monitor Center du Mariners' Museum & Park (Newport News, Virginie, États-Unis).
Pour garder ses œuvres ou ses publics en sécurité. C'est le cas avec le morceau du Fatberg conservé par le Museum of London (Grande Bretagne). Fatberg qui pourrait être toxique pour les publics (voir Muzeodrome #15).
Pour gagner en visibilité. Ainsi "The Isle of Wight County Museum", un petit musée situé dans la ville de Smithfield en Virginie aux États-Unis, propose 24h/24 sur la page d'accueil de son site web une vue de son trésor : un très vieux jambon datant de 1902 !
Je vous ai gardé la meilleur pour la fin : une webcam filme en permanence une tombe située dans le cimetière catholique de St John's the Baptiste Byzantine à Bethel Park (Pennsylvanie, États-Unis) - celle d’Andy Wharhol. Cette vue en live constitue d'ailleurs le contenu principal de la page erreur 404 du site web du Andy Warhol Museum (Pittsburgh, États-Unis).
“J'aime être la bonne chose dans le mauvais endroit et la mauvaise chose au bon endroit. Être la bonne chose au mauvais endroit et la mauvaise chose au bon endroit vaut la peine parce qu'il se passe toujours quelque chose d'intéressant.”
Andy Wharhol - The Philosophy of Andy Warhol: From A to B and Back Again (1975)
Note : Sur la genèse des web Caméras, je vous recommande l’écoute de l'épisode, d’une durée de 2 minutes, que lui a consacré le podcast "Choses à Savoir".
2) La Musée ? 🖼️☺️
Il m'arrive régulièrement d'effectuer une visite du coté de "La Musée" lamusee.fr, un site très particulier qui propose de naviguer à travers les œuvres de la Renaissance. Je croise aussi périodiquement les publications @L_amusee dans Twitter.
Bref, j'ai voulu en savoir plus...
Qui se cache derrière "La Musée" ?
Je suis un graphiste au sein de Bonjour Monde (bonjourmonde.net), lyonnais de Paris, médiateur à mes heures et amoureux constant de la Renaissance.
C'est quoi "La Musée" ?
La Musée c’était d’abord un projet de diplôme, un site où de manière un peu (beaucoup) obsessionnelle, j’indexe tout ce que je vois dans un tableau. Je crée ainsi des liens entre les œuvres par leurs détails communs. Selon l’inspiration du moment, le regardeur cliquera sur un chat, une grimace ou un vieil homme nu et retrouvera le même motif d’œuvre en œuvre. Je mets une œuvre en ligne chaque jour et j’ai dépassé il y a peu les 1400 œuvres en ligne. Mon envie est que chacun puisse explorer La Musée à sa manière, se l’approprier par ses choix, s’inventer des histoires ou se rincer l’œil.
Pourquoi cette obsession du détail ?
Même si mon horizon s'est élargi, je suis entré dans l’Histoire de l’Art avec Daniel Arasse, grand regardeur de détails, mais je pense aussi que mon rapport au graphisme, au symbole et au signe n’est pas étranger à cette obsession. J’aime ce qu’ils peuvent révéler, leurs sens cachés, mais aussi ce qu’ils peuvent avoir d’inutile, d’anecdotique, ce qu'ils nous racontent intimement.
Le site web de "La Musée" est vraiment particulier...
Je voulais signifier la part amateur de mon travail, les dessins et les textes à la main vont dans ce sens-là : je ne suis pas un Historien. C'est aussi pour cela que le site est d'une certaine manière hermétique, je pose les éléments d'un mystère, pas une réponse. Néanmoins, le code aurait besoin d'une mise à jour...
Une anecdote concernant "La Musée" ?
Parfois je suis surpris de l’intérêt que trouve un motif qui me semble anodin, par exemple alors que j’indexai ma septième chignole, sans grand enthousiasme, des historiens du bâti m’ont au contraire encouragé à poursuivre. En revanche mes 33 «chapeaux pointus», mes 24 «jambes croisées», et mes 36 carafes n’ont pas encore trouvé leur public.
3) Retour sur #CeSoirJeSors 🖼️💃🕺
Cette année 2020, la crise sanitaire avait repoussé la Nuit des Musées en novembre et finalement celle-ci s'est déroulée uniquement en ligne. Ce moment me semblait idéal pour réactiver avec un angle adapté #CeSoirJeSors : une initiative que nous avions lancée avec Samuel Bausson pour la nuit des musées 2013.
“Ce samedi 14 novembre 2020, les œuvres et les objets s'ennuient dans les musées fermés. Elles·ils décident de rompre avec la morosité et l'immobilisme. Elles·ils s'animent et sortent pour voir ce qui se passe hors des musées et chez les humains confinés…”
Se déroulant hors des programmes officiels, l'initiative a été bien suivie et plusieurs dizaines tweets et autres publications ont circulé pendant la nuit. Institutions et museogeeks ont laissé libre cours à leur imagination en donnant la parole à des œuvres et objets de leurs choix. Les publications de #CeSoirJeSors version 2020 ont été souvent malicieuses avec un bon esprit (comme disaient les Alain - Bashung & Maneval).
Je vous propose en suivant ce lien de revivre cette soirée (et ses prémisses) dans Twitter, mais à l'envers en partant du dernier tweets au premier.
Je remercie sincèrement toutes celles et tous ceux qui ont joué le jeu d'une façon ou d'une autre. Gratitude spéciale pour @PamelaChougne2 (x2 - voir Muzeodrome #23 ), @SophieChmura, @gifs_dp (@DamienPetermann - voir Muzeodrome #26) et @laurentgontier qui ont créé, parfois en y passant plusieurs heures, des GIF animés pour la soirée.
4) Le musée de l'Internet fossilisé ⛽🕸️
“Bienvenue au Musée de l'Internet fossilisé. Ce musée a été fondé en 2050 pour commémorer deux décennies d'internet sans fossiles et pour inviter les visiteurs du musée à découvrir ce qu'était l'internet de 2020, alimenté au charbon et au pétrole.”
En ces temps incertains, il est essentiel de pouvoir se projeter vers des futurs préférables. Des objets peuvent nous aider à le faire. “Le Musée de l'Internet fossilisé”, qui n'est pour l'instant qu'une maquette, est une des propositions spéculatives de la Fondation Mozilla. Fondation dont le projet principal est le navigateur web Firefox et dont l'objectif est de “s’assurer qu’Internet demeure un bien commun ouvert et accessible à tout le monde”. Dans leur article présentant en mars 2020 le "Musée de l'Internet fossilisé", Cathleen Berger et Michelle Thorne indiquaient :
“Nous sommes dans une crise climatique. L'internet contribue de manière significative aux émissions mondiales de carbone. Mais nous croyons également en l'internet comme un bien public mondial qui peut nous informer, nous donner des moyens d'action et nous connecter.”
Alors que The Shift Project, think tank qui œuvre en faveur d’une économie libérée de la contrainte carbone, vient de publier son nouveau rapport “Déployer la sobriété numérique” (octobre 2020), ce dilemme est un des grands défis du monde à venir.
De son coté, la fondation “Mozilla n'en est qu'au début de son parcours vers la durabilité environnementale en tant qu'organisation”. Et le “Musée de l'Internet fossilisé” participe à la conversation et aux réflexions sur ce sujet...
/Via Valentina Tanni et Outrepart (voir Muzeodrome #49)
5) Flashs et retours ⚡🌐
Vous les avez peut-être ratées, Muzeodrome a compilé ces informations pour vous :
Vous pouvez (si vous le souhaitez) voter pour votre GIF préféré du concours #GIFITUP2020 (jusqu’au 30 novembre 2020) > https://gifitup.net/
Un nouveau site web pour le Centre Pompidou, avec (enfin) une vraie page erreur 404. Celle-ci affiche une photo d’une oeuvre de Jean-Michel Alberola qui présente le message “Tout va bien”.
Chris Dercon, président de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, répondait en avril à un entretien de Paris Match. Il y indiquait entre autres : “Aujourd’hui, le public n’est plus un problème, c’est même la solution : le musée est devenu un espace sublime grâce à la présence du public. C’est évidemment très différent lorsque l’on est seul devant son ordinateur.” (en rebond à la notule de Muzeodrome #52 sur les “visites virtuelles”)
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A tout soudain,
Omer Pesquer { https://omer.mobi/ }
Ps : Merci à @dr_kouk pour sa relecture de ce numéro et des précédents.