Salut à toutes et tous,
Bienvenue dans muzeodrome, l’infolettre et le site qui vous plongent dans la créativité et les {autres} numériques des musées et des espaces d’expositions en établissant des ponts entre le passé, le présent et les futurs.
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► Vous l’avez probablement remarqué, cela fait un petit moment que je ne vous avais pas envoyé d’édition de muzeodrome. L’infolettre est de retour avec un rythme de un à deux numéros par mois. Dans ce numéro 149 du hip-hop, le Retrofutur Museum, des graffitis et quelques brèves.
”Don't push me 'cause I'm close to the edge
I'm trying not to lose my head
Ah-huh-huh-huh-huh
It's like a jungle sometimes
It makes me wonder how I keep from going under”
The Message - Grandmaster Flash and the Furious Five (1982)
Sans le souhait du jeune Saul de dessiner un rappeur, Il n’y aurait probablement pas de Hip-Hop dans ce numéro - la suite dans la première notule.
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Un musée pour le hip-hop
Le mouvement culturel Hip-Hop ne date pas d’hier, il serait né dans le Bronx de New-York, il y a plus demi-siècle, pendant l’été 1973 :
“L’histoire retient que le hip-hop serait né le 11 août 1973. Ce jour-là, la jeune Cindy Campbell décide de se faire un peu d’argent de poche et organise une soirée pour les habitants de son quartier, dans le Bronx. Elle demande à son frère Clive [Aka DJ Kool Herc] de se mettre aux platines. Clive est afro-américain et est âgé d’à peine 18 ans. Il enchaîne les titres de funk et de soul, et enflamme la piste en inventant le "breakbeat".” DRAC Île-de-France
Ouvrir le premier musée du Hip-Hop dans le Bronx est un projet de longue date. En mai 2024, The Hip-Hop Museum (THHM) annonçait dans son compte Instagram: “Dans un peu plus d'un an, nous ouvrirons enfin nos portes et, à ce moment-là, la communauté hip-hop disposera enfin d'un lieu qu'elle pourra considérer comme son chez-soi. “
En août 2024, la dance du hip-hop, la break dance, a été à l’honneur sur la place de la Concorde lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris. A cette occasion, dans un documentaire vidéo en quatre parties d’environ 50 minutes intitulée “La culture hip-hop en Île-de-France : 40 ans d'ébullition artistique“, la DRAC Île-de-France avait donné “la parole aux actrices et acteurs de ces cultures urbaines devenues emblématiques de l’identité culturelle de l’Île-de-France”.
L’ouverture du THHM est prévue pour l’automne 2025 à Bronx Point. En France, est-il envisageable qu’un musée du Rap et des cultures urbaines ouvre un jour ? Et où ce musée serait-il situé ? En banlieue parisienne ? Ou bien à Paris du coté du Quartier de la Grange-aux-Belles ?
Complément : les premiers épisodes de la série documentaire “DJ Mehdi : Made in France” (diffusée par Arte et disponible sur arte.tv jusqu'au 31/07/2027)
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La question complémentaire :
Plus de remarques sur cette question → N’hésitez à écrire un commentaire.
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Le Rétrofutur Museum
Bonjour Cédric Carles, en tant qu'éco-designer, vous travaillez au carrefour de l'art et de la science. Vous êtes entre autres le co-fondateur de l'initiative Paleo-Energetique qui explore les innovations énergétique oubliées... Pouvez-vous nous en dire plus ?
Bonjour Omer, merci pour votre accueil. En tant qu’éco-designer, je m'efforce de relier art et science pour repenser notre approche de l'énergie et de l'environnement. L'initiative Paléo-Énergétique s'attaque à la redécouverte d'innovations énergétiques oubliées, souvent écartées pour des motifs économiques ou politiques plutôt qu'en raison de leur inefficacité. Nous faisons des recherches historiques et testons la viabilité de ces technologies dans notre époque actuelle. Par exemple, le projet RegenBox, un chargeur régénératif pour batteries alcalines, encourage une gestion plus circulaire des ressources.
Il y a 15 ans, vous avez créé l'Atelier 21, un incubateur de solutions durables. Celui-ci porte aujourd'hui le projet du Rétrofutur Museum, le 1er micro-musée des énergies renouvelables. Pouvez-vous nous expliquer ce projet qui a bénéficié d'un financement participatif réussi ?
L'Atelier 21 a été fondé comme un incubateur de solutions durables, inspiré par mon expérience en Suisse. Avec le temps, ma passion pour les archives énergétiques historiques a grandit, m'incitant à créer le Rétrofutur Museum. Ce musée expose des innovations du passé et cherche à éduquer le public sur les énergies renouvelables tout en inspirant de nouvelles générations à envisager des solutions créatives et durables.
Quelles évolutions sont envisagées pour le Rétrofutur Museum ? Une exposition itinérante ? Un musée plus grand ?
Nous envisageons d'augmenter la capacité d'accueil du Rétrofutur Museum et de créer une exposition itinérante pour rendre le musée accessible à une audience plus large. Ces évolutions permettraient de partager plus largement la vision du musée et d'explorer l'intérêt pour un éventuel agrandissement ou des installations permanentes dans d'autres régions.
Nous avons également envie de continuer à développer notre travail autour de la modélisation 3D des inventions exhumés.
Compléments :
L’ouvrage Rétrofutur : une autre histoire des innovations énergétiques
Le site web Paleo-energetique.org qui offrent des perspectives enrichissantes sur le passé et le potentiel futur des technologies énergétiques.
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Observer les graffitis
Depuis avril 2021, Laure Pressac est directrice de l'ingénierie culturelle chez Beaux Arts Consulting. En 2018, au Centre des monuments nationaux, alors qu’elle en était la directrice de la stratégie, de la prospective et du numérique, elle avait assuré le commissariat de « Sur les murs » un ensemble d'expositions sur les graffitis historiques (voir ce PDF). Elle avait aussi dirigé le catalogue de cet ensemble d'expositions.
Bonjour Laure, parmi tes différentes activités, tu es chercheuse indépendante autour des graffitis, peux-tu nous en dire plus ?
Les graffitis sont une pratique humaine universelle, qui remonte à des millénaires. Ils constituent un témoignage populaire essentiel pour saisir notre histoire commune. Les recenser, les préserver et les valoriser, c’est aussi s’assurer que l’histoire ne soit pas racontée uniquement du point de vue des « dominants », mais intègre des visions alternatives.
Quels sont les liens entre les graffitis et les lieux culturels ?
Les monuments historiques ont souvent été utilisé comme lieux d’enfermement : ils sont le réceptacle de pensées et de messages laissés par des prisonniers de passage. Par ailleurs, le graffiti est une pratique artistique, qui est désormais valorisée comme un sujet à part entière, à l’affiche de musées ou de lieux plus alternatifs.
Quelles recherches as-tu effectué depuis le projet « Sur les murs » ? Travailles-tu en ce moment sur d'autres expositions, sur un nouvel ouvrage ?
J’ai poursuivi les enquêtes de terrain, enrichi mon corpus et publié des analyses sur les graffitis du mouvement des gilets jaunes. J’interviens au sein du GRGA et j’enseigne sur ce sujet au CNAM.
J’ai également ouvert un pan plus contemporain de recherche, grâce à ma résidence à la Villa Albertine, qui m’a permis de documenter le sujet des graffitis comme reflet ou écho à des traumatismes collectifs que sont notamment les attentats. L’enquête m’a amenée de New York à Oklahoma City, en passant par Minneapolis, autour du mouvement Black Live Matters. Cette recherche nourrit le compte Instagram « What_remains_from ». Des publications sont en préparation sur ces sujets, et je présente un graffiti tous les jeudis sur mon compte Linkedin.
Selon toi, quel dispositif numérique ou lowtech permettrait de révéler la richesse des graffitis ?
La connaissance et la valorisation des graffitis sont le fruit d’un travail de fourmi, d’enquête, qui mobilise plusieurs univers de recherche, des épigraphistes aux experts maritimes. Le sens du collectif est essentiel pour avancer. Tout commence par avoir des images et recenser les graffitis. Un projet est en cours à partir des graffitis de la tour de Marmande pour constituer une bibliothèque participative de relevés de graffitis.
In situ, la lowtech est très adaptée : via de la lumière latérale ou un cadre apposé sur un mur, on met très simplement en vue le graffiti. Dans les tours de la prison de Lunel, par exemple, on vous équipe d’une lampe de poche. Regarder les graffitis, c’est surtout apprendre à observer ce qui nous entoure et se transformer en enquêteur curieux. Pas besoin de beaucoup de technicité pour cela !
Pour terminer notre entretien, aurais-tu une ou deux ressources complémentaires à recommander au lectrices et lecteurs de muzeodrome ?
La recherche en graffitis est mondiale et multiforme : pour découvrir les analyses de chercheurs du monde entier, je recommande « Understanding graffiti », de Troy Lovata et Elisabeth Olton. Et pour trouver de nouvelles sources, la librairie Le Grand Jeu, dans le 11e, a un fonds très riche.
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Lu, vu, entendu
Vous les avez peut-être ratées, muzeodrome a compilé ces informations et ressources pour vous :
La médiation numérique à l’Œuvre | “En octobre 2022, une soixantaine de professionnel·les, étudiant·es, chercheurs et chercheuses s’étaient réuni·es à l’Auditorium des Musées de Strasbourg et au Musée de l’Œuvre Notre-Dame pour croiser leurs regards autour des enjeux de la médiation numérique dans les musées et sites patrimoniaux.” (Musées de Strasbourg). En complément de la captation des interventions, un document PDF vient d’être publié. Ce document “livre une trace écrite des échanges de cette journée et constitue une ressource destinée à nourrir d’autres expérimentations et recherches à venir”. /via Maïlys Liautard
Every Game a Museum | Jean Jouberton, l’éditeur de la chaîne Youtube "Homo Ludens" (voir n°38 de l’infolettre), vient de lancer un nouveau projet, un site web intitulé Every Game a Museum. La page “A propos” de celui-ci donne le cadre du projet : “Destiné aux curieux·euse·s comme aux professionnel·le·s ou aux chercheur·euse·s, Every Game a Museum est un projet de référencement et de catalogage des peintures, sculptures, gravures et dessins présents dans les jeux vidéo. Son ambition est de mettre en valeur la richesse et la diversité des œuvres citées, mais aussi de souligner la variété des contextes vidéoludiques dans lesquels elles apparaissent…“ Au moment où j’écris cette ligne, le site web d’Every Game a Museum présente 326 œuvres de 193 artistes conservées dans 132 musées et référencées dans 34 jeux.
Brêves de benchmark museographique | Maud Jenni est une cheffe de projets culturels, muséographe, et historienne basée en Suisse. “Quoi ? Qui ? Comment ? Combien ? Où ? Quand ? Pourquoi ?”. Chaque semaine, Maud se pose les mêmes questions à propos d’un dispositif muséographique et en publie une brève dans son compte LinkedIn. Une veille à suivre !
Un pigeon immaculé et son excrément doré | “Notre nouveau look a pris son envol” annonçait cet été 2024 le London Museum en parlant de son nouveau logo. Dans les pages de SLATE, le 27 aout 2024, le journaliste Matthias Troude expliquait pourquoi ce logo qui a suscité la polémique n'est pas dégoûtant pour souligner leur valeurs d’accueil et de tolérance porté par celui-ci. De son coté, Ophélie - Ta Mère Nature nous explicite en 1 minute 10 chrono “Pourquoi les pigeons c’est archi stylé?” (vidéo diffusée par Vert Le Media).
TimeLure | “Depuis 1952, dans le village de Lurs, se réunissent des typographes, des éditeurs, des graphistes et d’autres passionnés des lettres, des signes et des échanges.” - Le site Web TimeLure “réunit les archives de 70 ans de programmation des Rencontres internationales de Lure regroupées en périodes significatives au regard de l'évolution des métiers et des techniques graphiques.“. Une bien belle chronologie - pour savoir qui se cache derrière la réalisation de celle-ci, direction la page “A propos” du site.
Un média social au design éthique | “Alors, ça ressemblerait à quoi un média social au design éthique ?”, telle est la question que se posait en août 2024 dans aoc.media, le chercheur en info-com et directeur du Media Design lab de L'École de Design Nantes Atlantique, Karl Pineau. Karl que j’ai eu le plaisir d’interviewé deux fois dans les numéros de l’infolettre : la première sur l’éthique numérique (n°51) et la seconde sur la responsabilité numérique dans l’univers des musées (n°67).
Substituts numériques | Coordonné par Lise Renaud et Sébastien Appiotti (voir son entretien dans le n°135 de l’infolettre), le supplément 2024 A de la revue scientifique en sciences de l’information et de la communication Les Enjeux a pour thème “Les «substituts numériques» : questionner la médiatisation des expositions de musée à l’écran“ (Supplément de 173 pages en version PDF).
Kenneth Goldsmith primé | Kenneth Goldsmith et Tomaso Binga, lauréats du prix Bernard Heidsieck - Centre Pompidou. Si le nom de Kenneth Goldsmith ne vous dit rien, téléportez-vous dans les numéros 48 et 78 de l’infolettre.
Monde himalayen | Les musées ne sont pas neutres, épisode ???. “Une controverse remet en question l’indépendance du Musée du quai Branly et du Musée Guimet, à Paris, accusés par des chercheurs de passivité face aux ingérences du régime de Pékin, décidé à gommer les cultures de territoires récemment annexés.” L'Oeil du 20 heures France Télévisions + France Info. Un reportage qui m’a fait repenser à Jean-Christophe Victor, feu le créateur de l'émission “Dessous des cartes”, qui montrait dès 2016 comment Google Map “mentait” en Chine.
Les mythes de l’IA | “La technologie ne produit pas que des solutions, elle produit aussi beaucoup de promesses, d’imaginaires, d’idéologies et de mythes.“. Dans un article concis et précis pour le média Dans les algorithmes (site + infolettre), le journaliste Hubert Guillaud liste neuf de ces mythes dont les trois principaux sont les mythes du contrôle, le mythe de l’intelligence et les mythes futuristes. “Les discours autour de l’IA produisent des mythes qui influencent notre compréhension de ce qu’elle est, produisant une perception confuse de leur réalité… pour mieux influer les transformations légales à venir.”
Cette page vous a-t-elle été utile ? | C’est la question que vous pose le site web du Musée Dobrée (Nantes) dans certaines de ses pages. Exemple : la page consacrée à l’histoire du musée.
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Voila, c’est déjà la fin de ce numéro 149 ! Avant de partir, n’oubliez pas de donner votre avis au travers d’un message, d’un commentaire ou d’un simple appui sur le 💜.
Cette publication est publique, n'hésitez pas à la partager.
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Le prochain numéro sera celui des 5 ans de l’infolettre, il paraitra le 4 novembre 2024.
à tout soudain,
o m e r
Je suis Omer Pesquer. Spécialiste des technologies, usages et formats, j’accompagne depuis plus de 20 ans les organisations culturelles (musées, centres d'art, sites patrimoniaux, éditeurs...) dans le développement de leurs projets numériques.
Site Web ⁓ LinkedIn ⁓ Mastodon
P.S.: Merci à Michel Kouklia pour la relecture de ce numéro.
Je vous dois une précision : le jeune Saul, qui a brillamment illustré ce numéro, prend des cours de dance hip-hop dans le centre d'animation du Quartier de la Grange-aux-Belles ;-)
Bonjour,
Professionnelle des musée, je découvre cette infolettre (grâce à Maud Jenni que je suis sur LinKedin) et je vous remercie pour ce travail de repérage et de compilation très sérieux et intéressant ! Me voilà inscrite et me voilà à avoir déjà hâte de découvrir la suivante. Ouf, j'ai la possibilité d'explorer les archives ... ça devrait me nourrir pour quelques temps. Bravo et merci !